Les informations sur le futur de Xbox apparue dans des documents publiés publiquement sont massives et dévoilent la quasi-totalité de la stratégie Xbox pour les années à venir. Avec l’arrivée d’une nouvelle Xbox Series S, mais aussi et surtout d’une Xbox Series X sans lecteur, on peut se demander si Microsoft va abandonner les jeux physiques à court terme.
Adieu la Xbox Series X avec lecteur de disques dès 2024 ?
Comme on peut le lire sur l’image ci-dessus, Microsoft prévoyait la fin de vie de Starkville, dès la sortie de Brooklin, la nouvelle Xbox Series X 100 % dématérialisée. Plus précisément, la mention exacte est affichée dans les notes du bas : « Starkville EOL ahead of Brooklin launch », soit en français « Fin de vie de Starkville avant le lancement de Brooklin ».
On ne sait pas avec certitude à quoi fait référence le nom de code Starkville, mais nous avons de bonnes raisons de penser qu’il s’agit du nom de code utilisé pour désigner la Xbox Series X originale avec lecteur de blu-ray puisque dans sa présentation, Microsoft parle bien d’une transition de l’une à l’autre des machines. Puisque la Xbox Series S est appelée par un autre nom de code, par déduction, Starkville est bien la Series X.
Si tel était bien le cas, cela signifierait que Microsoft prévoit l’arrêt de la production de la console, et que seules les nouvelles Xbox Series S et Xbox Series X 100 % digitales seraient commercialisées dans un futur proche, sonnant par la même occasion la fin des jeux physiques sur la plateforme.
Comme déjà évoqué, rien ne nous dit avec certitude que la stratégie Xbox imaginée l’an dernier sera respectée à la lettre. Mais voir dans un document officiel qu’une console avec disque signera sa fin de vie pour être remplacée par un modèle sans lecteur de disque montre dans tous les cas que Microsoft s’y prépare.
Sur la slide « Xbox Beyond » de la stratégie 2023 de la marque, qui montre tous les appareils sur lesquels Xbox sera disponible à terme, on remarque d’ailleurs qu’aucune console avec lecteur de disque n’est présente. On y retrouve tous les appareils pour jouer en cloud (TV, mobile, stick, portable...) et les Xbox Series S et Xbox Series X sans lecteurs. Aucun appareil déporté ne semble avoir été imaginé pour continuer de lire les disques sur consoles alors que c’est pourtant ce que semble préparer Sony avec un lecteur déporté pour sa future PS5 remodelée.
Sur une autre slide, Microsoft a imaginé quels pourraient être les réactions des joueurs et des joueuses au regard de l’offre gaming proposée. On y retrouve, entre autres, une jeune femme qui joue sur son canapé avec un appareil mobile et qui dit ne pas regretter le jeu sur disque.
« Xbox a rendu l’achat de jeux numériques aussi facile et abordable que les jeux sur disques. En plus, je peux jouer à ces jeux sur plusieurs appareils que je possède déjà. Mon lecteur de disque ne me manque pas du tout. »
La suite logique pour la stratégie de Microsoft ?
S’il peut aujourd’hui sembler impensable de voir Microsoft abandonner le support physique prochainement, cela parait pourtant être la suite logique de la firme qui mise fortement sur le Xbox Game Pass et le Xbox Cloud Gaming.
On rappelle d’ailleurs qu’une bonne partie des jeux Xbox Series X physiques qui sortent aujourd’hui dans le commerce ne contiennent pas l’entièreté des jeux sur le blu-ray, et ne permettent pas de lancer la moindre partie sans téléchargement additionnel.
Ce fut le cas de la version physique de Halo Infinite qui ne contenait que quelques mégaoctets de données sur le disque à sa sortie, et plus récemment de Starfield, qui demande le téléchargement d’une grosse partie des fichiers du jeu avant de pouvoir être lancé, comme on peut le lire sur le site Does it Play ? .
N’oublions pas non plus les investissements massifs de Microsoft dans son cloud Azure, une offre qui est monétisée auprès de ses partenaires en fonction de leur utilisation des infrastructures de Microsoft.
Si vous jouez à un jeu en version physique sur votre console, Microsoft ne gagne de l’argent qu’avec l’achat unique de la console et du jeu. À l’inverse, si vous jouez dans le cloud Azure, Microsoft peut facturer à ses partenaires une taxe d’utilisation de son cloud pour que les joueurs accèdent à leurs jeux, et donc générer des revenus plus réguliers qu’avec un achat unique.
Enfin, on sait aussi que la marge d’un jeu numérique est également beaucoup plus élevée que celle d’un jeu physique, les entreprises ont donc tout intérêt à faire acheter leurs jeux au format dématérialisé. D’une part, les jeux sont vendus au même prix, sinon plus chers, qu’au format disque. Et d’autre part, les jeux numériques ne nécessitent aucun coût de fabrication ni d’envoi, et presque aucun coût de stockage ou de logistique.
Les prochaines consoles Xbox 100 % dématérialisée ?
Ces éléments en tête, il semble de plus en plus probable que le jeu physique tel qu’on le connait actuellement sur Xbox vive ses dernières heures dans la stratégie du géant américain.
Si cette génération de consoles devrait toujours permettre aux joueurs d’acheter des jeux physiques, la prochaine génération de machines pourrait faire basculer les constructeurs vers un modèle 100 % dématérialisé. C’est en tout cas ce qu’imaginait Microsoft il y a encore deux ans.
Parmi les informations repérées dans les documents ayant fuité récemment, il est notamment indiqué que Microsoft souhaite proposer une « plateforme de jeu hybride » s’appuyant sur le cloud pour sa prochaine console.
Sur la slide récapitulant les innovations amenées par Microsoft au fil des générations, on remarque que l’ambition de la firme est de proposer une plateforme à travers les différents appareils, et de s’aider du cloud pour proposer des jeux toujours plus ambitieux. Cela a déjà été fait sur cette génération avec Flight Simulator, et Microsoft semble vouloir s’investir davantage sur ce terrain.
Avec des jeux basés en partie sur le cloud, la connexion aux services en ligne sera logiquement obligatoire et un achat physique semble très opposé à la volonté de Microsoft de proposer ses jeux sur de nombreux appareils. On le voit notamment avec le programme Xbox Play Anywhere qui ne fonctionne qu’avec les jeux au format dématérialisé.
Pour terminer, rappelons une nouvelle fois que ce qu’a écrit Microsoft dans sa stratégie 2030 l’an dernier peut évidemment évoluer, mais que toutes les informations contenues dans la fuite montrent que l’entreprise se dirige inévitablement vers un jeu vidéo largement, sinon à 100%, dématérialisé. La question est seulement de savoir quand ça arrivera.
Concernant l’intérêt du démat pour les commerciaux, personne n’a dit le contraire : bien sûr que le demat arrange les editeurs, qui peuvent proposer directement les jeux en supprimant les coûts de fabrication et de logistique. Quant aux constructeurs comme Microsoft/Sony/Nintendo, ils se frottent les mains car ils peuvent fixer les prix qu’ils souhaitent sur leur unique store (je ne parle pas du marché pc bien sûr où là c’est complètement différent). L’occasion est pour eux un manque à gagner considérable, qu’ils aimeraient voir totalement disparaître. L’intérêt du physique, c’est pour les joueurs, et là pour ceux qui aiment acheter des nouveautés AAA, et au risque de me répéter, il n’y a pas photo, en tout cas pour l’instant. Il suffit de faire le calcul : jeux à 60 euros environ en grande surface au lieu de 80 euros sur les stores officiels, possibilité de revendre evidemment (même des mois après tu récupères un peu d’argent) et donc possibilité d’acheter d’occasion aussi. Je répète que le démat c’est bien aussi mais attention à ne pas oublier pourquoi la disparition totale du physique serait néfaste pour les consommateurs.