Lors de sa présentation à la Gamescom 2022, Under The Waves nous a immédiatement harponnés. Sensibles aux productions narratives, nous étions intrigués par ce partenariat entre Quantic Dream et Parallel Studio, qui était jusque-là passé sous nos radars. Même si le titre est la première œuvre majeure de cette entreprise parisienne, ses fondateurs sont des vétérans de l’industrie ayant fait leurs armes sur Life is Strange ou encore Heavy Rain, pour ne citer qu’eux. Nous avions donc vraiment hâte de pouvoir nous plonger dans cette aventure narrative et ainsi sonder la profondeur de son scénario.
Commencer par noyer son chagrin
Under The Waves est une aventure narrative sur le pouvoir d’engloutissement du chagrin. Nous y incarnons Stan, un plongeur professionnel qui s’efforce de surmonter la perte d’un être cher. Pour tenter de noyer sa peine, il accepte un poste de maintenance sur une exploitation pétrolière sous-marine. Malheureusement, son isolement n’a pas le résultat escompté et son escapade sous les vagues ne le conduit qu’à explorer les abysses de sa psyché.
Le début de l’aventure est amené tout en douceur, comme une légère brise de bord de mer. Nous rejoignons notre base de vie et prenons nos marques en réalisant quelques tâches de maintenance. C’est également l’occasion de prendre en main le gameplay et surtout de s’habituer au pilotage de notre véhicule subaquatique. On se laisse prendre au jeu de la contemplation au milieu de la faune et de la flore. Pris part le travail, nous ne sentons plus le poids de notre peine. Jusqu’ici, tout va bien.
Installer une routine pour ne pas sombrer
Nous avons été un peu déstabilisés par les premières heures de jeu. Nous nous attendions à une aventure narrative au sens strict du terme. Au lieu de cela, nous nous installions progressivement dans une routine journalière. Après avoir pris notre café du matin, nous relevons le tableau des missions et partons régler les tracas quotidiens d’une exploitation pétrolière : arracher des algues envahissantes, colmater une fuite, régler la pression du système… rien de tel pour soigner une dépression. Heureusement pour notre santé mentale, nos expéditions sont également l’occasion de se perdre au détour d’une faille pour contempler une baleine à bosse ou explorer une épave à la recherche de collectibles.
Même si le titre propose des mécaniques de gameplay intéressantes, toute l’attention des développeurs semble s’être focalisée sur le volet exploration et sur le message caché derrière. Si nous voulons améliorer notre équipement et notre véhicule, il faudra nettoyer les fonds marins en collectant les déchets que nous transformons en matière première. La moindre petite activité fait référence à la préservation de notre écosystème d’une manière plutôt subtile et notre esprit accueille cet appel au secours sans même s’en rendre compte.
S’enfoncer malgré tout dans les abysses de la peine
Nous nous sentions protégés par notre petite routine et par la charge de travail, mais nous n’étions pas préparés à la vague qui allait nous balayer. Aussi pernicieuse que la narcose à l’azote, notre chagrin a doucement empli notre esprit et lorsque le barrage s’est rompu, nous avons été frappés par un véritable tsunami d’émotions. L’écriture nous a réellement pris par surprise. Alors que nous nous demandions si nous n’avions pas placé trop d’espoir sur le titre, il nous a giflés sans prévenir.
Pour être totalement honnête, nos premières impressions sur le jeu étaient plutôt moyennes. La modélisation de Stan est vraiment sommaire et ses déplacements sont lourds, même lorsqu’il n’a pas sa combinaison. Nous avons également constaté des retards de chargement de textures et des soubresauts d’animation. Rien qui ne peut être corrigé par un patch, mais cela a un peu nui à notre immersion au départ. Surtout que, peu importe la langue choisie, la synchronisation labiale est complètement ratée.
Heureusement que l’exploration a bénéficié du plus grand soin et que son rendu graphique est très nettement supérieur. Les jeux de lumière et les effets de déformation en milieu subaquatique sont bluffants. La bande son est, elle aussi, magnifique et digne d’œuvres cinématographiques. Celle-ci sait aussi s’effacer pour nous laisser savourer le chant des baleines ou succomber à l’appel des profondeurs.
Finir par s’échouer
Le testeur que nous étions avant cette plongée en eaux troubles n’est pas le même que celui qui s’est échoué sur cette page blanche. Même si les premiers instants étaient déstabilisants, au terme des huit à neuf heures de jeu nécessaires pour affronter notre peine, nous en sortons plus sensibles à la souffrance invisible des océans. Outre le deuil qui a déjà été abordé de nombreuses fois dans des productions vidéoludiques, la préservation de la faune et de la flore sous-marine et le second message à retenir de cette aventure.
À l’instar de ses thèmes, Under The Waves propose également deux fins alternatives selon que Stan succombe ou non à l’appel des profondeurs. Les chasseurs de succès seront heureux d’apprendre qu’ils ne seront pas soumis à une rejouabilité forcée pour obtenir ces deux conclusions. Il n’est même pas nécessaire de rejouer le dernier chapitre, si tant est que l’on relance le dernier point de sauvegarde juste avant l’apparition des crédits de fin.
Testé sur Xbox Series X|S. (Optimisé)