La série Jagged Alliance revient aujourd’hui, vingt-quatre ans après le dernier opus sorti en 1999. Cette licence de stratégie au tour par tour mélange des éléments de jeu de rôle et de tactical. Pour résumer, le joueur doit prendre le contrôle de mercenaires, parcourir une carte tactique pour partir en mission, explorer différentes zones, résoudre des mystères tout en affrontant des milices locales, en défendant veuves et orphelins ou bien en pillant tout sur son passage. Du point de vue gameplay, on retrouve des sensations des années 90 avec d’excellents titres comme Fallout Tactics et Wasteland.
Une sombre histoire de diamants…
En lançant le jeu, les premiers éléments visuels peuvent paraître déroutants. On est face à une interface austère ressemblant à Windows 98, dans laquelle nous devons enrôler des mercenaires.
Jagged Alliance 3 rentre tout de suite dans le vif du sujet. Il va falloir faire des choix, sélectionner nos troupes qui ont toutes des compétences uniques, des équipements qui leur sont propres et des atouts en combat non négligeables. Mais le nerf de la guerre, c’est l’argent. Les fonds étant limités en début de partie, l’élite des mercenaires ne sera pas accessible tout de suite. Il faut alors composer avec les ressources à notre disposition et choisir avec soin nos futurs compagnons de fortune. Certes, ces derniers ont peu d’expérience, mais il faut faire avec les moyens du bord. À la guerre comme à la guerre, dirait-on.
Six mercenaires peuvent être sélectionnés pour composer une escouade. Entre le médecin, le sniper, le fantassin, le soldat, le démolisseur, mais aussi le mécano, le démineur, le pirate informatique et bien d’autres encore. Un large choix de compétences s’offre à nous et il est impératif de créer une synergie d’escouade pour répondre à tous les défis et opportunités que l’on rencontre sur le terrain.
Chaque mercenaire est donc unique et dispose de son background. Son passé influencera son comportement avec des actions et des lignes de dialogue qui lui sont propres. Le choix du personnage est donc crucial et ouvre des possibilités en jeu en plus de créer de l’empathie et de l’attachement pour nos troupes. D’autant que la mort d’un mercenaire est permanente, renforçant ainsi l’affection qu’on a pu développer pour lui.
Dès cette sélection de personnage, le jeu pose ses bases. Dans un premier temps, c’est le ton qui est donné à l’écriture qui saute aux yeux. Jagged Alliance 3 aime jouer sur les clichés et les stéréotypes. D’ailleurs, un disclaimer est mis en avant au moment de lancer le jeu. Le titre s’inspire des films américains et de la pop culture du 21e siècle et chaque ligne de dialogue peut donner le sourire. Toute l’ambiance du soft baigne dans cette atmosphère humoristique et cliché, même jusqu’aux nombreux choix moraux. Ce parti pris pourra, à la longue, en énerver certains, mais les joueurs réceptifs ne pourront qu’apprécier le travail fourni, la qualité d’écriture et l’ambiance générale du titre.
Le deuxième élément que l’on comprend tout de suite, c’est l’impact de nos choix et de l’argent. Une mauvaise gestion des ressources et des choix qui en découlent peut très vite nous mener à notre perte. Nos mercenaires n’étant pas en CDI, il faut renouveler les contrats, mais aussi racheter des munitions, grenades et trousses de soin. S’ajoutent à cela les différentes actions sur le terrain, nécessaires pour payer des informations, entraîner des milices locales, reposer notre escouade, acheter de l’équipement ou tout simplement soigner nos mercenaires dans un hôpital de fortune. Rien qu’avec ces quelques lignes, même si l’aspect gameplay n’a presque pas été évoqué, on comprend tout de suite la profondeur que Jagged Alliance 3 a à offrir.
Un gameplay exemplaire
Le titre joue un peu sur la fibre nostalgique, et propose une sélection de déplacements à l’ancienne comme on peut en retrouver dans les X-Com. Une carte tactique permet de sélectionner le secteur que l’on souhaite visiter. On y retrouve également de nombreuses informations, comme les lieux d’intérêt, les villes, les déplacements ennemis et des cargaisons d’armes ou de diamants. On peut donc soit explorer librement le pays, soit bien foncer sur les objectifs et territoires ennemis à conquérir.
Encore une fois, c’est l’argent qui dictera la marche à suivre. Puisque chaque déplacement et action prend du temps, il faudra veiller à la durée de contrat de chaque mercenaire avant de prendre une décision. Explorer n’est pas synonyme de gain d’argent, et il faudra parfois privilégier le conflit dans l’espoir de récupérer quelques objets à revendre.
C’est là que rentrent en jeu les différents lieux d’intérêt de la carte. Des mines de diamants sont aux mains de la milice et les conquérir permet de gérer de l’argent jusqu’à l’épuisement des minerais. Il est également possible d’attaquer des convois pour récupérer de l’équipement ou des diamants à revendre.
Jagged Alliance 3 propose une histoire assez simple : nous sommes missionnés pour sauver le président d’une nation fictive en Afrique. Quelques rebondissements seront de la partie, mais c’est davantage au niveau des nombreuses quêtes annexes que l’on pourra prendre du plaisir.
Tout le jeu axe son gameplay sur l’exploration et la curiosité du joueur. En explorant une ville ou bien une zone perdue de la carte, nous pouvons tomber sur un PNJ qui raconte une rumeur sur un trésor enfoui ou bien un jeune homme qui recherche sa femme prétendument kidnappée, et ce n’est que quelques heures plus tard que nous en apprendrons plus sur les différentes quêtes. C’est en allant de zone en zone, en fouillant pour trouver des objets et ainsi des indices ou en parlant aux habitants, que la toile des quêtes s’étoffe et prend forme pour donner la suite de nos objectifs secondaires.
Et l’exploration est vraiment au rendez-vous. La carte du monde est d’une taille honorable puisqu’elle propose plus de 100 régions différentes. La diversité est bien présente avec de multiples décors allant des zones urbaines au désert ou des plages aux régions plus boisées. Les voyages sont dépaysants d’autant que le jeu fourmille de détails en tous genres. Les lieux de vie sont bien animés et la végétation exotique fait parfois son petit effet.
Un jeu complet
On rappelle souvent que dans les années 90, les jeux étaient assez difficiles. Jagged Alliance 3 reprend clairement le flambeau. Même en jouant en difficulté minimum, l’expérience proposée est loin d’être tendre. Heureusement qu’il est possible de sauvegarder avant chaque prise de décision et combat. Le game over n’est jamais loin et faire de petits checkpoints permet concrètement de prendre conscience des limites de notre escouade et de revenir plus tard sur certains objectifs lorsqu’on sera plus fort.
D’ailleurs, il est possible de jouer complètement en coopération à deux. On peut donner le contrôle de quelques mercenaires à notre compagnon de jeu et avancer ensemble dans la partie de l’hôte. En commençant une partie en coopération, la sauvegarde se fait sur les deux comptes et l’aventure peut donc être reprise séparément pour avancer chacun de son côté.
Jagged Alliance 3 est avant tout un jeu pensé pour le PC et l’adaptation à la manette a dû être un vrai challenge. Une tonne d’actions est possible en passant par des sous-menus de sous-menus. Par exemple, il faut appuyer sur RT pour accéder à des actions spécifiques comme changer d’arme, recharger, s’allonger ou s’accroupir, puis LT pour l’inventaire, la carte du monde et d’autres options.
Une fois dans l’inventaire, chaque mercenaire dispose de son équipement en plus du stock de l’escouade. Il faut alors répartir les armes et munitions à la bonne personne. Mais ce n’est pas tout, puisque depuis cette interface, il est aussi possible de modifier l’équipement, en mettant des accessoires sur les armes par exemple.
C’est impressionnant et rare de voir un jeu aussi complet et profond dans ces différentes mécaniques de jeu.
Testé sur Xbox Series X
