Les amateurs de jeux vidéo sur PC ne sont plus gâtés.
L’époque où les jeux sortaient sur PC, puis étaient éventuellement adaptés sur consoles est révolue depuis un bon moment déjà : aujourd’hui les PCistes doivent se contenter d’adaptations de jeux développés sur consoles, adaptations souvent un peu bâclées.
Quelques titres forts continuent d’exister, blindé de systèmes de protection toujours plus compliqués pour lutter contre le piratage, mais ils sont de moins en moins nombreux.
De plus, les acheteurs sont furieux de ces protections parfois vraiment contraignantes…Et dont l’efficacité reste à prouver, les cracks arrivant de toute façon quelques semaines plus tard.
Pour continuer de gagner de l’argent sur PC il ne reste presque plus que ceux qui misent sur le jeu en ligne (MMO pour la plupart) qui oblige le joueur à sortir la monnaie.
Comment en vouloir aux éditeurs dont le travail est pillé ? Même si des joueurs honnêtes sont victimes de la situation, le marché du jeu sur PC ne mérite tout simplement plus qu’on s’intéresse à lui.
Les consoleux peuvent presque dire merci aux pirates du PC, c’est en grande partie grâce à eux si toute une catégorie de jeux a débarqué sur nos machines. Que ce soient les FPS ou les RTS, les jeux de rôle occidentaux ou bientôt peut-être les MMO.
Bénéficiant avec les consoles d’un parc d’acheteurs potentiels très important (car tous ceux qui ont une console jouent, alors que ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont un PC), entre autres avantages, les éditeurs se sont naturellement tournés vers les supports logiques du jeu vidéo, vers des machines faites uniquement pour ça.
Il n’aura pas fallu longtemps pour que le piratage pointe le bout de son nez, les pirates ayant suivi tout aussi naturellement les jeux là où ils se trouvent.
C’est là où la Xbox 360 pourrait bien faire preuve de faiblesse.
Comme sa grande sœur, c’est une machine sur laquelle il n’est pas très difficile de trouver des jeux piratés. Graver un DVD est à la portée de n’importe qui, et il n’y a pas besoin d’être un informaticien de premier ordre pour trouver et utiliser des copies illégales de jeux.
Une grande partie des joueurs ne se pose même pas la question du piratage, et achète sagement ses jeux : cela reste donc un support tout à fait valable pour développer des titres. Cependant, la courbe de ventes des jeux sur Xbox 360 est très caractéristique. De grosses ventes à la sortie des jeux, puis une chute rapide seulement quelques semaines après. La gestion du back-catalogue est bien un problème sur cette machine, alors que c’est une source de revenus pour les éditeurs qui est toujours intéressante. A titre de comparaison, la carrière des jeux sur PS3, machine pour laquelle il n’est pas évident (tout du moins pour l’instant) de trouver des copies pirates du fait que graver des Blu Ray est loin d’être courant, est beaucoup plus longue.
Soyons clairs : sur 360 le problème du piratage commence à être discrètement pointé du doigt et à être identifié comme la cause d’une perte de revenus pour les acteurs du marché.
Dans quelle mesure, je ne le sais pas : je n’ai pas trouvé de statistiques sur le sujet, qui restera sans doute tabou pendant longtemps encore.
Espérons juste que cela ne prenne pas trop d’ampleur.
C’est probablement une des raisons pour lesquelles les jeux sur DS ou PSP sont si souvent bâclés : pourquoi investir en développement, pourquoi fignoler un jeu, alors que celui-ci va être piraté dans de très fortes proportions sur ces deux supports ?
La ligne de défense de ceux qui utilisent des jeux piratés est toujours la même : les jeux sont trop chers.
Et c’est plutôt une bonne défense, d’ailleurs.
Cela reste cependant de la mauvaise foi, une façon de se donner bonne conscience. Si on trouve les jeux trop chers, il y a une autre solution, c’est de ne pas jouer. Une Ferrari, c’est trop cher pour la majorité, de là à utiliser cette excuse pour en voler une…On peut toujours trouver tous les arguments qu’on veut, jouer à un jeu piraté reste du vol, ni plus ni moins.
C’est aussi une évidente facilité. Pourquoi se renseigner sur les jeux qui sortent, pourquoi prendre la peine d’essayer une démo, pourquoi devoir choisir quand il est si simple de télécharger et de jouer sans payer à tout ?
Comme pour tout, une majorité paie à cause de la minorité.
Quoique.
Ces fameux acteurs du monde vidéoludique si prompts à brandir le piratage comme responsable de tous leurs maux devraient peut-être aussi regarder de plus près leur façon d’agir.
On pourrait commencer par les constructeurs, en particulier Mr Sony lui-même.
La PS2 a longtemps continué de se vendre par palettes, alors que dans le même temps les courbes de ventes de jeux ne suivaient étrangement pas.
Rien d’étrange là-dedans, naturellement, puisque la PS2, sur sa deuxième moitié de vie, est devenue la machine favorite des amateurs de jeux gratuits. Il faut dire que Sony n’a jamais rien fait pour que cela soit compliqué à faire, et n’a jamais cherché à faire quoi que ce soit. Un argument de vente aussi fort que la possibilité de jouer à de nombreux jeux pour presque rien, voilà qui les a largement arrangés. On appelle ça comme on veut, moi je trouve que ça ressemble drôlement à de la complicité avec les pirates, non ?
Je n’irais pas jusqu’à dire la même chose de la PSP, mais c’est uniquement par peur d’un procès !
De la même façon, il est plus que difficile de croire que sans piratage le prix des jeux serait plus bas. Après tout, la PS3 qui ne souffre pas de ce mal, ne propose-t-elle pas des jeux au même prix que la 360 ?
Si la logique de volume était respectée, au fur et à mesure du temps et des parcs grandissant des consoles, le prix des jeux devrait baisser, non ?
Et quand un titre comme Modern Warfare 2, qui sera probablement le jeu le plus vendu de tous les temps, est vendu 70€, on peut se dire qu’il n’y a aucune volonté des éditeurs de baisser le prix de leurs jeux, quand bien même ils peuvent bénéficier d’un potentiel en volume très important.
Les jeux vidéo sont devenus quelque chose de trop gros, le loisir qui génère le plus d’argent, devant le cinéma ou la musique, voilà qui aiguise les appétits !
Je pense que le piratage est une plaie, un véritable danger pour cette industrie, et qu’on ne retient pas assez les leçons de ce qui s’est passé sur PC.
On en paiera tous les conséquences à plus ou moins court terme, probablement en étant forcés de passer par la dématérialisation.
Par contre, du fait que les éditeurs et les fabricants sont loin d’être irréprochables, ambigus dans leur attitude, vendant des jeux au prix fort qui n’ont demandé que peu d’efforts (et d’argent) à développer, ou bien surfacturant tout et n’importe quoi (spécialité de Microsoft), je pense aussi que les torts sont partagés.
La seule façon de faire bouger les choses, belle utopie, serait un super syndicat de tous les joueurs solidaires ! Ils refuseraient tout simplement d’acheter tout ce qui est manifestement trop cher par rapport à ce que c’est, et en échange, promettraient de bel et bien payer la copie du jeu qu’ils veulent.
Et comme ça n’arrivera jamais et que ce n’est pas de ceux qui recherchent le profit qu’il faut attendre un comportement droit, rien ne changera avant longtemps…