Test - Kraken Academy !! - Un lycée pas comme les autres

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Dévoilé l’année dernière et ayant fait l’objet d’une démo disponible à l’issue des Game Awards 2021, Kraken Academy !! débarque enfin sur nos machines PC, Nintendo Switch et Xbox. Le studio berlinois Happy Brocoli Games nous livre son premier titre, à l’univers un peu barré. Nous serons chargés de libérer des esprits enfermés dans le corps de certains élèves afin de sauver la Kraken Academy. Cet établissement, en proie au Perfide depuis quelques années, risque purement et simplement de disparaître si nous n’intervenons pas rapidement.

Le collège fou fou fou

Nous entamons la rentrée scolaire à la Kraken Academy alors que notre mère nous dépose en voiture. Notre héros et sa sœur Nadia, prétentieuse et souffrant d’un très probable complexe d’infériorité, rejoignent chacun un club d’étude. Nadia intègre celui du théâtre, réservé aux élèves beaux et riches, tandis que notre avatar rejoint le club de musique, à priori dédié au petit peuple, la plèbe, les pauvres. Au premier abord, le lycée parait plutôt dégoûtant, crasseux et terne, mais l’ambiance a l’air relativement bonne.

Bienvenue à la Kraken Academy.

Des cris débutent et une rixe entre un élève du club d’art et un clochard se déclenche près de notre protagoniste. Une voiture à proximité prend feu et la professeure de sport intervient dans la mêlée pour séparer les deux adversaires. Derrière nous surgit alors Brocoli Girl, une élève transformée en légume vivant qui panique car elle est en retard pour son cours de musique. Relativement enthousiaste, elle remarque notre uniforme, en déduit que nous appartenons au même club et nous presse à rejoindre la salle de classe au plus vite. Elle profite également de l’occasion pour nous envoyer une “demande d’ami” sur Kraken-net, un réseau social interne à l’académie.

Le portail du club étant clos, il nous faut une carte d’authentification afin de rejoindre le cours. Stix, un élève du club de théâtre, posté non loin de là, propose de nous fournir le pass requis, contre 10000 shlotinkis (monnaie du jeu). Une bagarre entre un étudiant et un sans-abri, une fille brocoli, un racket pour accéder au cours de musique, l’année commence bien ! Enfin arrivé en salle de classe, nous constatons que la professeure est également en retard. Nous en profitons pour faire les présentations avec les autres étudiants. Brocoli Girl est alors ravie d’apprendre que nous jouons du clavier. Simona, l’une des membres du groupe de musique, toujours habillée en girafe et au franc parler équivoque, nous narre une sombre rumeur de sous-fifre du Kraken. À la fin du cours, Brocoli Girl nous remet une batte de baseball utile pour fracasser les casiers et poubelles mais nous y reviendrons.

L’année s’annonce sous les meilleurs auspices.

Le Kraken nous convoque près du lac et nous raconte qu’une vile entité appelée Le Perfide souhaite détruire l’Académie et que nous sommes l’élu devant l’en empêcher. Il nous transmet alors une relique corrompue, l’amulette du Kraken, qui nous permettra de voyager dans le temps et ainsi enquêter sur l’identité du Perfide. Nous apprenons que le plan du grand méchant sera mis à exécution dans trois jours, lors d’une vision de destruction et de ruine. Il va nous falloir voyager dans le temps afin de libérer les esprits ancestraux des différents clubs, ces allers-retours temporels nous octroyant de précieux indices sur l’enquête à mener.

Un univers barré qui sauve un gameplay limité

Si le titre reprend en partie le système de voyages temporels qui a fait la sève de The Legend Of Zelda : Majora’s Mask, il n’en a malheureusement ni la saveur, ni les enjeux. En fait, nous serons principalement chargés de trouver des objets à certains moments plus ou moins précis, et de les livrer à un membre de l’académie à un autre instant. L’intégralité du titre ne se déroule que sur les trois premiers jours suivant la rentrée des classes, du lundi matin au mercredi soir. Nous aurons alors la possibilité de retourner dans le passé en utilisant l’amulette du Kraken, ou bien d’accélérer le temps en appelant notre mère à la cabine téléphonique présente dans la cour. Elle en profitera d’ailleurs pour nous demander si l’on a bien fait nos devoirs, ou si nous n’embêtons pas trop nos camarades pendant la récréation.

Le titre se déroule quasiment toujours selon le même procédé. Nous allons casser des casiers ou des conteneurs à poubelle nous permettant de cumuler des bouteilles en plastique, que nous irons ensuite déposer aux différents consigneurs afin de les échanger contre des shlotinkis. Une fois que nous avons accumulé assez d’argent, nous devons acquérir auprès du racketteur Stix les badges d’entrée des différents clubs du campus. Nous avons alors le loisir d’assister à des cours divers : un QCM loufoque pendant le cours de musique, un match de football au club de sport, ou jouer un rôle dans une pièce de théâtre amateur.

Le titre regorge d’humour et de situations bizarres : La bonne réponse ici est : « Il a juste dabbé et il est parti ! »

Chacun de ses évènements se réalise via un mini-jeu, de deux types différents. Pour bien répondre aux questions, il nous faudra appuyer au bon moment quand le curseur passe dans une jauge allant du noir au blanc, la zone blanche symbolisant le “Parfait !”. Sinon, nous avons juste à suivre un très simple QTE, où nous enchaînons une combinaison de touches sans aucun challenge. Le titre se veut accessible et focalisé sur l’histoire, mais nous avons connu beaucoup plus fun, il faut le reconnaître. Les modes de difficulté Facile et Normal proposés au lancement n’influent que sur la vitesse du curseur.

Le fun lors des mini-jeux est proche du néant.

Une fois que nous sommes bien intégrés dans un club, les élèves ou les professeurs du-dit club nous demandent des services divers et variés, faisant alors office de quêtes secondaires. Nous entrons dans des missions de type Fedex pour la plupart, où nous serons alors sommés par exemple d’aider le concierge à différentes heures de la journée en lui amenant ses outils manquants. Autres cas, Vladimir le beau gosse nous chargera de distribuer ses photos dédicacées à ses fans ou Nikolai viendra requérir notre aide afin de cuisiner un gâteau d’anniversaire pour son meilleur ami. Cela devient l’occasion de se faire quelques amis et de les rajouter en contact sur le Kraken-net.

Le réseau social Kraken-net est intégré, mais n’apporte rien d’essentiel.

Ce réseau social interne à l’académie nous distille quelques informations sur les différents protagonistes, mais malheureusement, ceci ne donne aucun indice sur les objectifs des missions. Tout juste apprenons-nous les traits de caractère de chacun, leurs goûts, mais c’est à peu près tout. Il est dommage de ne pas utiliser cette fonctionnalité afin d’enquêter sur les motivations de chacun, cela nous donne une impression de futilité et de meublage. Nous aurions pu l’utiliser pour scruter certaines photos de profil ou des conversations de groupe ici et là pour avancer, mais il n’en est rien. Cela se limite à une toute petite page par personnage, contenant des informations renforçant légèrement le background, sans en faire plus.

Des indices sont surlignés lors des phases de dialogue.

Enfin, chaque chapitre se clôture par une mission un peu plus longue, pendant laquelle le temps ne pourra ni être avancé ni reculé. Les intrigues varient d’une mission à l’autre et sont bien plus intéressantes que celles effectuées sur le temps libre. Elles auront lieu à des jours et des horaires précises et devront être réalisées en une fois, sous peine de devoir être reprises à zéro. Il faut compter environ une demi-heure pour chacune d’entre elles. Nous aurons par exemple la charge d’enquêter sur une secte de peintres, ou de défendre une élève au tribunal scolaire tout en apportant les preuves de son innocence, récoltées auparavant. Nous nous faisons ainsi de nouveaux amis, et libérons les esprits ancestraux, toujours dans le but de progresser dans notre enquête sur le Perfide. Une fois le chapitre terminé, nous remontons le temps, et enchaînons. Heureusement, l’humour des situations et le loufoque de certains dialogues permettent de bien digérer la redondance des missions secondaires et le manque de variété dans les mini-jeux.

Une sensation d’inachevé malgré tout

Les voyages temporels auraient pu être une véritable bonne idée si le fait de retourner dans le passé ou de se téléporter dans le futur avait de réelles conséquences, mais il n’en est rien. Il n’y aura pas de changement majeur dans le scénario ni d’incidence particulière, les protagonistes ne se souviendront pas de nous avoir parlé de leurs soucis lors d’un retour dans le présent, mais nous conserverons tous les objets récoltés dans notre inventaire. Les élèves et professeurs se trouvent toujours au même endroit au même moment, nous aurons alors juste à les rejoindre pour leur livrer l’objet désiré. La mission accomplie, le personnage concerné n’apporte alors quasiment plus rien à l’histoire ou au background, hormis 3 ou 4 d’entre eux, qui pourraient bien vous proposer de prendre le bus et de partir en rendez-vous afin de consolider votre amitié.

Le temps restant nous est constamment rappelé.

Il faut également savoir que la boucle temporelle est relativement courte, une minute dans la vie réelle équivaut à une heure dans le jeu, pour une boucle totale de 72 minutes. Les allers-retours sont donc nombreux et peuvent par moment devenir un peu rébarbatifs, surtout lorsque que nous avons oublié de donner tel objet à tel personnage, tel jour. Histoire d’éviter des retours dans le passé intempestifs, il sera bon de consulter régulièrement le journal de quêtes, et éventuellement de prendre quelques notes afin d’organiser les livraisons. Toutes les 12 heures, un écran nous rappelle le délai restant avant la fin du monde, et l’apparition de tremblements de terre ou de crocodiles dans la cour de récréation sauront vous rappeler que la destruction du lycée aura bien lieu mercredi soir.

Avant cela, nous avons quelques secrets à dénicher par endroit. Certains costumes que l’on peut récupérer nous y aideront alors. Le costume de squelette nous octroie plus de force, ce qui nous permet de casser un mur fissuré afin de dévoiler un passage dérobé ou un donneur de quête reclus. Le costume de fanatique rend possible l’infiltration d’une secte et de lancer des incantations sataniques tout en maintenant notre identité sous silence. Cela donnera lieu d’ailleurs à quelques lignes de dialogues tantôt amusantes, tantôt un peu trash.

Il faudra assister aux cours de théâtre, d’arts, de sport et de musique.

Les échanges se déroulent la majorité du temps sous forme de petites scénettes dans le style des visual novels, doublées uniquement avec des onomatopées. Les illustrations relativement colorées des personnages sont plutôt jolies et contrastent avec le pixel art plus grossier et terne des environnements. Seul le dernier quart d’heure du titre est doté de paroles, en anglais, avant un final un peu plus agité que le reste de l’aventure, le titre étant particulièrement dénué de combats. Autrement, l’intégralité des textes sont en français.

Pour les amateurs de succès, ils sont répertoriés sous un onglet dédié.

S’il y a bien quelques énigmes à résoudre, dont une ou deux légèrement capillotractées, le titre reste tout de même très accessible et peut se clore en quelques heures. Pour les amateurs de succès, sachez qu’il nous a fallu environ une dizaine d’heures pour le 100%. Les succès sont d’ailleurs listés dans un onglet dédié sur le menu pause. Il y en a qu’un seul qui demande un peu de skill, autrement ce ne sont que des objectifs totalement surmontables. Au besoin, les quelques Machines Crasse-Croûte nous permettent d’effectuer des sauvegardes que l’on pourra charger à loisir. Nous avons également la possibilité d’échanger de la monnaie contre du mobilier pour notre chambre et ainsi la décorer comme bon nous semble. Les possibilités de personnalisation demeurent faibles, d’autant que c’est totalement inutile tant nous y passons assez peu de temps.

Au niveau de l’ambiance musicale, c’est assez varié. Le thème à tendance J-Pop du menu principal surprend au départ. Chaque zone de la carte aura des sonorités bien distinctes, la zone du lac et ses airs de fanfare sont bien complémentaires des violons et des sonorités plus classiques du club de théâtre. L’OST reste de bonne facture, sans être des plus mémorables.

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • L’univers déjanté
  • L’histoire sympathique
  • L’humour de certaines situations
On n’a pas aimé :
  • Les allers-retours temporels parfois pénibles
  • Le Kraken-net sans grand intérêt
  • La redondance des mini-jeux
Un univers déjanté qui gagnerait à être plus développé

Voyager dans le temps en parcourant l’univers totalement barré de Kraken Academy !! n’est pas désagréable malgré son manque de conséquences marquantes, d’autant que l’humour fonctionne plutôt bien. L’enquête à mener pour découvrir l’identité du Perfide est prenante, mais le moyen de la conclure est redondant dans son exécution. Nous aurions apprécié plus de variété dans les mini-jeux, ainsi qu’une véritable utilisation du réseau Kraken-net pour trouver des indices. Le titre y aurait alors gagné en richesse et en profondeur. Les quêtes secondaires, sans être transcendantes, renforcent le background déjà déjanté du titre, mais demeurent trop légères pour apporter une véritable plus-value au scénario. Kraken Academy !! passe donc en classe supérieure avec la mention Assez Bien. Appréciation du professeur : “Kraken Academy !! est un élève studieux mais quelque peu dissipé, attention de ne pas trop se reposer sur les acquis !”

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Kraken Academy !!

PEGI 12 Langage grossier

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : Fellow Traveller

Développeur : Happy Brocoli Games

Date de sortie : 22/03/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, Nintendo Switch