Attendu le 26 mai dernier, Get Even fut repoussé au 23 juin en respect pour les familles suite à l’attentat du Manchester Arena. Cette décision fut prise à cause d’une scène clé du jeu où l’on voit une jeune fille attachée à une chaise portant une ceinture d’explosif. Cette attente terminée, nous voici avec un jeu des plus prometteurs signé Bandai Namco et The Farm 51 qui nous plonge dans un polar sombre et psychologique empreint de science-fiction. Comme tout blockbuster hollywoodien qui se respecte, on a droit au cliché bien connu du héros tout en muscle qui fait des pieds et des mains pour sauver une jeune femme en détresse. Mais à part ça, c’est quoi Get Even ? Qu’a-t-il de plus que les autres ? Vaut-il le coup d’œil ? À vous de voir…
Pour votre sécurité, le casque est obligatoire
Get Even est présenté comme un FPS et pourtant ce n’est pas le style qu’on lui attribuerait au premier regard. Du moins, pas vraiment. Pour être honnête, on aurait plus tendance à le placer dans les catégories “FPS (bin oui, il y a un pistolet quand même)/thriller/infiltration/exploration”. Oui, Get Even est polyvalent et propose énormément de choses. Mais parlons peu, parlons bien. Vous incarnez Cole Black, un ancien mercenaire devenu agent de sécurité pour une entreprise d’armement. Au début de votre aventure, vous tentez par tous les moyens de mettre à l’abri une jeune fille victime d’un kidnapping. Malheureusement, l’opération de sauvetage ne se déroule pas comme prévu : une explosion retentit et vous vous réveillez amnésique au beau milieu d’un asile psychiatrique. Vous devez alors enquêter sur cet enlèvement en suivant minutieusement les instructions d’un “thérapeute” qui communiquera avec vous seulement via des écrans placés un peu partout dans les zones. Et faisons d’une pierre deux coups, le but est également de faire la lumière sur votre passé. Un passé bien sombre et un rapt pas si simple à expliquer que ça. Mais arrêtons-nous là dans les détails pour éviter tout spoil qui s’avérerait tragique puisque tout l’intérêt du titre se trouve justement dans le scénario. Pour réussir à résoudre cette affaire, Red (comme votre interlocuteur aime à s’appeler) vous a affublé d’un casque de réalité virtuelle nommé Pandore qui vous sert à revivre vos souvenirs avec ce que ça implique de bugs (décors se cassant la binette, freezes, incohérences spatiales et temporelles…) soi-disant liés à nos actions tout au long de la dizaine d’heures que propose le titre. Enfin c’est ce que nous dit Red. Doit-on pour autant le croire sur parole ?
Back in Black
Pour mener à bien cette enquête, il vous faut récolter le plus de preuves possible. Il s’avère que ce point est primordial puisque vous risquez de rater pas mal d’éléments narratifs clés si vous vous amusez à rusher le jeu sans récupérer quoi que ce soit. Pour ce faire, vous vous trimballez avec LE smartphone dont tout le monde rêve. Non, je vous arrête tout de suite, il ne fait pas tireuse à bière ou four à pizza. En plus de recevoir des messages importants, il est composé d’un scan (pour les preuves), de la map de la zone parcourue (les ennemis sont affichés sur la carte), d’une caméra thermique (pour repérer les ennemis au cas où vous seriez débile et pour suivre les câbles électriques par exemple), et une lampe UV (pour éclairer les multiples endroits sombres mais aussi déceler les substances chimiques ou organiques). Pour ce qui est des preuves, elles se scannent donc via le smartphone et s’additionnent à la simple lecture de documents disséminés çà et là. D’ailleurs, si vous avez peur de rater le moindre indice, gardez en tête qu’il existe un endroit bien spécial (style Palais de la Mémoire) dont le seul but est de vous permettre de repérer ce qu’il vous manque et revivre alors chaque chapitre-souvenir afin de compléter vos recherches. S’il vous manque de la motivation, sachez que chaque chapitre complété débloque un code qui ouvrira une porte dans le chapitre correspondant et débloquant à la fois un souvenir secret mais aussi une arme (pompe, sniper, fusil-mitrailleur…adaptable au Corner Gun).
Revenons maintenant aux documents et preuves. Le principe de “chaud/froid”, sous forme de lumières vertes, est plutôt bien vu et vous permet de trouver tout ça plus facilement même si on a vite cette impression d’être un peu trop assisté. Vous ressentirez ça aussi pour les combats, fort malheureusement. Même si votre arme principale, le Corner Gun est une véritable merveille grâce à ses tirs à 90°, les gunfights seront d’autant plus pauvres et sans intérêt. Déjà que le fait de se planquer derrière un mur et tirer en angle droit permet de faire des headshots à la pelle, les devs se sont mis en tête de vous tenir par la main jusqu’au bout. Nous avons donc une IA complètement dans les choux et une map qui vous indique exactement la position des ennemis. Rajoutez à ça une caméra thermique qui vous permet de les visualiser jusqu’à la racine des cheveux et vous obtenez des affrontements dépourvus de challenge et de sens. Une arme pareille dans votre arsenal aurait permis bien du plaisir si elle n’avait pas été gâchée par un système de combat désuet.
Even Flow
Pour décrire la réalisation de Get Even, on va dire qu’on se croirait dans la Bible où deux forces s’opposent : le Bien et le Mal, l’Enfer et le Paradis, les graphismes et la bande-son… Si les doublages sont très bons et les musiques tout simplement parfaites, on ne peut pas en dire autant des graphismes. Le level design est pauvre, les décors ternes et grisâtres. En gros, pas de quoi s’extasier mais on va mettre ça sur le dos de la déception : Get Even était annoncé comme un jeu photoréaliste avec des trailers à couper le souffle...et là, ça nous coupe plutôt l’envie mais je vous rassure, rien de bien dramatique non plus. En revanche, en ce qui concerne la bande-son, le titre sort tout particulièrement du lot. Les doublages en VOSTFR sont très agréables et les sentiments de chaque personnage sont très bien retranscrits. Et comment ne pas être chauvin et fier de l’être lorsque l’on sait que les musiques du titre ont été composées par le frenchie Olivier Derivière ! Les ambiances musicale et sonore sont tout simplement extraordinaires et collent parfaitement avec chaque scène, chaque situation, chaque émotion. Qu’ils donnent la larme à l’oeil lors de scènes émouvantes ou qu’ils foutent la trouille lors des explorations dans l’asile entourés d’aliénés, les bruitages, musiques et sons en tout genre sont d’une exactitude sans accrocs et rendent le jeu encore plus immersif. Petit plus encore, nous avons là une interface claire et sans fioritures qui exempt le joueur de la corvée du switch entre l’interface et le menu pause.