Annoncé en fanfare à l’E3 dernier pendant la conférence de Microsoft, Dead Rising 4 a créé la polémique après le remplacement de la voix de Frank West, celle de TJ Rotolo, qui avait acquis une certaine notoriété auprès des fans. Ça a eu l’effet d’une bombe et autant dire que ces derniers étaient remontés contre Capcom Vancouver. Le studio s’est par la suite justifié en louant la performance du nouvel acteur et assumant un changement qui, pour eux, était pour le meilleur. Ce qui est clair, c’est que l’équipe souhaitait poser de nouvelles bases pour la série, même si cela voulait dire abandonner au passage une partie de son héritage.
I’ve covered wars, you know
L’histoire se passe 15 ans après les évènements du premier épisode. Quinze ans après l’épidémie qui a touché la petite ville de Willamette, connue surtout pour son centre commercial, et qui avait mené Frank West à révéler un scandale sans précédent : une invasion de zombies ! Quinze ans plus tard, on retrouve donc un Frank West plus aigri et amer. Il se demande encore à quoi tous ses efforts ont servi. En effet, le gouvernement avait étouffé l’affaire à l’époque, mais aussi les nombreuses autres qui ont suivi. Il avait finalement raccroché et coulait une vie paisible en donnant des cours de photographie.
C’est alors qu’une de ses élèves, la jeune Vick, connaissant la carrière du fameux journaliste, l’embarque dans une sombre histoire. Elle l’emmène malgré lui à Willamette pour ce qui devait être un simple repérage dans une base militaire. Mais tout ne se passe pas comme prévu et notre duo se retrouve séparé. Après ce nouveau fiasco, qui lui vaut d’être la cible des médias et du gouvernement, il est obligé de repartir de zéro, encore une fois. Finalement, quelques mois plus tard, Frank est de nouveau appelé, cette fois par les services du ZDC (le centre de prévention anti-zombie), pour retourner à Willamette, dont toutes les communications sont coupées depuis plusieurs mois. Mais ce qui aidera notre héros à prendre sa décision, c’est la présence de sa jeune protégée sur des clichés. Dès lors, il veut découvrir ce que cache cette nouvelle épidémie mais cette fois-ci, il est prêt à tout faire péter !
It’s Frank… Frank West
Tout de suite, ce qu’on remarque c’est cette voix enfin en VF, à laquelle on s’habitue assez vite finalement. Frank n’a pas abandonné son sens de l’humour et on le retrouve avec plaisir. On s’étonne même de rire à ses vannes. Au cours de l’aventure, beaucoup de ces petites blagues font mouche et démontrent un gros travail sur l’écriture. Un bon point !
Un bon point aussi au niveau des performances, puisqu’on peut oublier les démonstrations qui laissaient à désirer. La version finale est irréprochable. Les textures sont fines, les effets très propres et les lumières saisissantes. Cerise sur le gâteau, l’ambient-occlusion qui donne un côté réaliste à l’ensemble. Mais surtout, le moteur est très bien optimisé, puisque même avec des milliers (oui, vous avez bien lu) de zombies à l’écran, le framerate reste stable.
Manette en main, notre héros, malgré son âge, est aussi plus agile et sa démarche est moins lourde que dans nos souvenirs. On est très vite à l’aise avec n’importe quelle arme, une fois qu’on s’est fait à des commandes entièrement revues. On a maintenant directement accès à 3 types d’armes qu’on peut alterner à la volée. X et Y pour taper au corps à corps, les gâchettes pour tirer, comme dans tout bon TPS, et LB pour les armes de jet. Ça répond bien et on se sent beaucoup moins vulnérable que dans les précédents titres. Il est clair que ce Dead Rising nouvelle formule semble s’aligner sur les standards des jeux à la troisième personne. D’ailleurs, les armes à feu deviennent enfin une option viable, grâce à l’ajout d’une aide à la visée et de dégâts augmentés. On cale les tirs à la tête avec une facilité déconcertante, pour notre plus grand plaisir.
O Christmas Tree
Même chose dans les menus, finie la liste d’armes à rallonge que l’on fait défiler, on trouve rapidement ce qu’on veut grâce à un menu radial, repris de Dead Rising 3, désormais disponible pour chaque type d’arme. En maintenant gauche, haut ou droite de la croix directionnelle, le temps se fige et on peut alors choisir notre nouvelle arme de destruction. C’est bien pensé et c’est surtout vital lorsqu’on affronte les hordes de zombies. Et autant dire qu’on a fort à faire puisque le nombre de zombies affichés à l’écran est toujours aussi impressionnant. On se retrouve face à de véritables marées de chair putréfiée, qu’il est difficile de traverser si on n’est pas un minimum équipé.
En parlant des menus, je tiens à souligner pour les amateurs la qualité de la bande-son jazzy très festive et très agréable en cette période de l’année. Du beurre pour les oreilles !
L’appareil photo fait aussi son grand retour et il propose maintenant plusieurs modes de vue, comme le mode thermique qui donnera lieu à des utilisations fort sympathiques, notamment lors de séquences d’investigation inspirées de la série des Arkham. Le mode selfie est bien sûr présent, même si c’est là un gadget qui n’apporte pas grand-chose.
C’est un œil sur le pare-brise ?
Au rayon outillage, on peut compter sur pléthore d’armes et objets en tout genre, allant du simple couteau au marteau auquel on a accroché des grenades, en passant par la traditionnelle batte de baseball que l’on peut modifier selon nos envies, de fils barbelés, façon « Lucille » de Walking Dead, ou de différentes lames. Vous l’aurez compris, le système de combo est toujours de la partie et on peut maintenant modifier ses armes sur place. Il suffit de s’avancer vers l’objet et le jeu nous indique automatiquement en fonction des armes déjà en notre possession, si on peut en fabriquer une nouvelle.
Comme toujours, les développeurs s’en sont donnés à coeur joie et on peut construire des armes improbables, mais toutes très intéressantes à utiliser. Pour ma part, je suis un amateur de la traditionnelle batte de baseball. Simple, efficace. Mais il faut bien dire que le marteau à grenades est un nouveau classique de cet opus. Il fait le ménage à coups d’explosions, un délice !
La petite nouveauté, ce sont aussi les exosquelettes placés à certains endroits et qui nous permettent pendant une durée limitée de s’équiper d’armes dévastatrices commes des gatlings, des haches, d’arracher des parcmètres ou de fabriquer des combos originaux en l’associant à des bornes d’arcade ou des stands de glace. C’est très sympa, surtout lors de certaines séquences de la campagne où on peut en disposer de manière illimitée. On peut alors enchaîner souffle glacé et tornade, de quoi faire le ménage parmi nos amis les zombies.
Les véhicules combos sont toujours de la partie et toujours aussi puissants, avec des armes qui nous permettent de moissonner les rues avec un petit sourire satisfait ! Ces véhicules sont indispensables pour traverser la zone plutôt vaste du jeu, qui comprend le nouveau Megaplex de Willamette, complètement reconstruit dans une version quelque peu réduite par rapport à l’ancien et bizarrement sous exploité durant la campagne, ainsi que différents quartiers alentour avec leurs bâtiments et maisons à visiter pour satisfaire nos besoins d’exploration.
Aaaaerrrrghh….
Malheureusement, à part les zombies, la ville est plutôt vide, la faute à des missions secondaires redondantes et peu intéressantes. Des pilleurs et des soldats se partagent la ville, mais les affronter est de toute façon bien souvent inutile. Quant aux survivants qui apparaissent aléatoirement à des endroits précis, ils nous donnent simplement des récompenses lorsqu’on a nettoyé la zone. Il n’est plus ici question de les emmener en sécurité, puisque une fois débarrassés des zombies, ils repartent d’où ils viennent sans plus de cérémonie. De même, les psychopathes ne sont plus que des PNJ déguisés et équipés d’armes combo apparaissant çà et là, au fur et à mesure de notre progression. Les vaincre n’est alors qu’une formalité, d’autant plus que le jeu n’est pas difficile.
C’est d’ailleurs le plus facile de la série, aux antipodes de l’expérience hardcore et sans concessions du premier épisode. Et on peut dire “au revoir” aux carrés de vie et “bonjour” à la barre verte avec des points de vie. Mais là n’est pas le problème, c’est surtout qu’on ne meurt qu’à de très rares occasions, car la nourriture et les kits de soin sont présents en surabondance. On en trouve à chaque coin de rue, dans chaque bâtiment, parfois même après avoir tué un ennemi. A noter au passage que la nourriture et les kits de soin sont désormais regroupés indifféremment. On récolte ces kits que l’on peut alors utiliser d’une simple pression sur la flèche du bas. Une mécanique de jeu qui est clairement devenue trop simple, car même dans la mêlée, on est très peu mis en danger.
On a ainsi un sentiment de surpuissance qui ne fait que s’accentuer lors de notre progression. Car comme dans les précédents titres, notre personnage gagne des niveaux. Ici, chaque niveau nous donne un point à allouer dans 4 catégories : bagarre, résistance, tir et survie. Selon un arbre de compétences, on débloque des bonus de vie, de munitions, de dégâts, de coups critiques, de résistance des objets, etc. Passé le niveau 40, on est presque imbattable. On ne sera que ralenti par les zombies qui épuiseront nos ressources et abîmeront nos armes (un peu), mais il suffira de s’arrêter un peu plus loin dans un bâtiment pour refaire le plein. A vrai dire, au cours de la campagne, j’ai presque eu envie de m’imposer des restrictions, pour éviter de rendre le jeu encore plus facile. Bien sûr certains affrontements nous mettront parfois en difficulté, mais ça ne dure jamais et on reprend très facilement le dessus, soit en changeant d’arme, soit en courant se mettre à l’abri pour utiliser nos trousses de soin.
Ô mon Roméro !
De même, exit la limite de temps et les fins alternatives, les développeurs ont abandonné toute idée de frustration pour une expérience de jeu plus linéaire et balisée. Certains joueurs apprécieront, mais il faut le dire, une grande partie d’entre eux ne pourra qu’être déçue par ce choix. La série avait déjà abordé un tournant décisif avec le 3e épisode et un timer moins contraignant, ici, les développeurs ont choisi la solution la plus difficile. On pourra toujours se consoler avec les remakes HD sortis en septembre dernier…
Certains joueurs regretteront également l’absence de campagne coopérative, présente dans Dead Rising 2 et 3. C’est vraiment dommage, mais c’est sûrement le compromis pour nous en mettre plein la vue en solo. On trouvera toutefois en remplacement un nouveau mode multijoueur en coop, mais malheureusement celui-ci nous retiendra à peine quelques heures de plus, le temps de boucler les 4 épisodes disponibles.
Il reste une campagne bourrée de moments foufous, ces moments où on se laisse porter par le jeu et toutes les possibilités qui s’offrent à nous. C’est la première fois dans la série où on peut laisser libre cours à notre folie meurtrière sans avoir peur de rater quelque chose. Moins de stress, moins de tension, mais un fun omniprésent désormais maître-mot. D’ailleurs, la campagne est à n’en pas douter l’une des meilleures de la série, et nous tiendra en haleine une dizaine d’heures. Frank est un personnage haut en couleurs qui montre ici ses multiples facettes pour notre plus grand plaisir. Et ses adversaires ne sont pas en reste, puisqu’ils ont eux aussi des motivations bien réelles.