Boss, tu es dans le coma depuis 9 ans, mais nous t’avons réveillé exprès pour t’occuper du test de tes nouvelles aventures. Pas le temps de boire un café ! Il faut partir en Afghanistan, puis en Afrique, risquer ta peau et affronter tout un tas de soldats et machines nucléaires dans l’unique but de récupérer des infos sur la qualité de ces aventures ! Tu es notre seul espoir !
>> Miller, tu devrais plutôt dire à Stéphan pour qu’il sorte sa Xbox One et teste directement Metal Gear Solid V : The Phantom Pain au lieu de donner encore une occasion aux gens de voir ma raie pour ensuite me faire trimer comme un malade.
>> Tu as raison, Snake ! Voilà pourquoi tu es LE Big Boss !
>> Ouais, ouais… Maintenant que vous m’avez sorti de ma petite sieste, je vais me mettre tout nu et vais aller me serrer une petite robote. Snake out.
>> Snake. Snake ? SnaAaAaAaAaAaAaAaAake !
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9 ans après les évènements de Ground Zero sorti il y a un an et demi, Naked Snake, aka Big Boss et prétendu mort, se réveille de son coma sur l’île de Chypre. Nous sommes en 1983. Malheureusement, son réveil n’est pas des plus agréables, puisque non seulement il a perdu une partie de sa mémoire à cause du choc, mais son bras s’est mis sur liste rouge. La convalescence et la rééducation de la légende militaire sont difficiles. Sans compter qu’elle sera rapidement écourtée parce que le monde entier veut sa mort et que l’hôpital où il résidait sous une fausse identité se fait prendre d’assaut par une mystérieuse organisation dont les membres sont “différents” de l’humanité. C’est donc dans un début d’histoire très long à démarrer que le joueur peut enfin prendre, petit à petit, Big Boss en main. Cette longueur est surtout due aux cinématiques qui se déclenchent toutes les 30 secondes durant cette intro. Cinématiques à rallonge symptomatiques des MGS et qui m’ont personnellement valu une forte baisse d’intérêt envers la série. Heureusement, passée cette mise en bouche, le jeu ne propose des cinématiques que lorsque cela est pertinent et les séquences ne durent plus 15 minutes comme cela était le cas dans MGS 4. Ici, on va droit au but dans la narration, et cela sert l’intérêt du jeu.
D’autant plus que, comme l’avait amorcé Ground Zero (pour lequel il est préférable d’avoir fait avant d’entamer celui-ci), The Phantom Pain a énormément changé dans son approche. Nous n’avons donc plus affaire à des niveaux étroits et plus ou moins dirigistes, puisque V se lance dans les mondes ouverts. Oui, vous avez bien lu le pluriel. En effet, le jeu proposera de se balader librement dans 3 grands espaces : Mother Base, votre centre d’opérations, un territoire au nord de Kaboul, en Afghanistan, ainsi que la frontière entre l’Angola et le Zaïre, en Afrique. Même si on ne peut nier qu’en contraste de ces vastes lieux, la vie manque en dehors des lieux d’intérêt (bases, postes, avant postes) pour hisser le titre au niveau des cadors du monde ouvert. Choix artistique sous couvert de fidélité historique ? Fainéantise des développeurs ? Je n’en sais rien. Cela pourrait tout autant être une question d’équilibrage du jeu que cela ne changerait ni le fait que l’ensemble fait plutôt nature morte pour un jeu vidéo en 2015, ni même que les conditions climatiques essaient de remplacer un peu ce vide, avec brio pour donner du piment à l’approche d’une situation, mais sans réel succès en termes de vie. Mais l’approche des environnements n’est pas la seule chose qui a changé, puisque la prise en main, comme c’était le cas avec Ground Zero, s’est remodelée pour quelque chose de plus intuitif et réactif afin de coller mieux à cet aspect open world.
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Pour ceux qui n’ont pas joué à Ground Zero, jouez-y : le titre reste une parfaite mise en bouche et vous permet de récupérer également quelques éléments bonus pour cette Douleur Fantôme. Mais dans tous les cas, une piqûre de rappel s’impose. Désormais, l’homme maintenant connu sous le nom de Venom Snake est libre de ses mouvements sur la carte, grâce à une prise en main intuitive et qui rend le personnage beaucoup plus maniable et réactif. Il veut aller chasser la faune ou cueillir des fleurs, il peut le faire. Il veut aller capturer des postes ennemis, il peut le faire. Il veut effectuer une mission secondaire, il peut le faire. Il veut progresser dans l’histoire, il peut le faire. Il veut se balader dans sa base et gérer ses moindres aspects, il peut le faire ! Non seulement, le jeu va encore plus loin dans ce qui avait été proposé pour Ground Zero, à savoir des missions avec divers objectifs secondaires pour plus de rejouabilité et de durée de vie, et des opérations secondaires, mais en plus, de nouveaux aspects sont donc de rigueur, comme tout le côté de jeu de gestion. Vous pouvez enrôler des mercenaires, les affilier à la division que vous désirez, envoyer vos troupes sur des missions passives pour financer vos opérations, renvoyer les éléments les plus décevants ou les plus indisciplinés. Vous pouvez également ordonner la recherche de nouveaux équipements de tout type en échange de ressources et d’argent ou étendre votre base pour accueillir encore plus de personnel. L’aspect financier est ainsi une donnée importante, puisque c’est le moteur de la guerre. Chaque action, que ce soit un déploiement ou une exfiltration de personnes ou de matériel, coûte des sous. Tout comme améliorer vos équipiers (oui, oui, vous avez bien lu ! Mais chut !). Il faudra alors effectuer des missions secondaires en plus des missions principales pour toucher la prime de ces contrats. Mais dans tous les cas, il vous faudra être le plus efficace possible afin de ne pas mourir, perdre de l’argent en déploiement de munitions, ou encore trop dépenser et mettre toute votre organisation dans le rouge.
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En lisant ce texte on ne peut plus positif, on pourrait se dire que MGS V : The Phantom Pain est un titre parfait. (Mal)heureusement, le titre n’est pas exempt de défauts. Même si les sensations d’infiltration très jouissives, les possibilités approfondies et détaillées de chaque fonction (y compris avec cette vieille boite en carton qui nous sort le grand jeu !) et l’ambiance on ne peut plus excitante ne peuvent être réfutées, les petits soucis çà et là gâchent cette perfection et ce souci du détail rockstaresque. Par exemple, Snake peut franchir des rebords ou des obstacles, mais pas partout, faisant qu’il en devient rapidement rageant de devoir faire un détour de 500 mètres pour passer un obstacle de 30 centimètres alors que Snake est capable de franchir des rebords plus élevés sans difficulté. Ou encore l’IA, même si elle est assez évoluée et peut devenir imprévisible par moments, reste sur certains types de schémas qui limitent cette imprévisibilité. Quelques textures ne sont également pas vraiment à la hauteur du reste de la réalisation, mais le gros soucis vient dans le fait que le jeu nous fait un petit caprice très fréquemment sous la forme d’un bug que je n’avais jamais vu jusqu’à présent sur un autre jeu. Ce dernier, pourrait ressembler à un ralentissement, sauf que ce sont des sortes de saccades qui empêchent toute possibilité de contrôler quoi que ce soit pendant 3-4 secondes, allant même jusqu’à faire virevolter la caméra hors de l’action. Si en déplacement cool et en lieu sûr, ce n’est pas vraiment dommageable, bien que chiant, durant des phases plus délicates, cette perte de contrôle totale de son personnage peut signifier l’échec de la mission, le décès, ou même la détection. Dans un jeu d’infiltration, je ne sais pas trop laquelle de ces destinée est la plus agréable...
En dehors de ce souci qui - espérons-le- sera réglé très rapidement, le jeu possède de fortes qualités visuelles. Mais c’est encore une fois la bande son qui est à mettre en avant. Non pas par ses bourdes de dialogues et de traduction, mais parce que, dans cet épisode, c’est vraiment bien foutu avec des textes riches, des bruitages variés et réalistes, ainsi que des acteurs qui tiennent parfaitement leur rôle, facilitant l’entrée dans l’univers complexe et technique de Metal Gear. D’ailleurs, ce cast est mené par Kieffer Sutherland dans le rôle de Snake fournissant une grande partie du charisme de ce personnage au travers de sa voix profonde et autoritaire. Car oui, ne cherchez pas un doublage français : il faudra se contenter de sous-titres dans notre langue et c’est plutôt tant mieux quand on réfléchit à ce qu’on a eu droit précédemment...