Test - The Gap - N’oublie pas qui tu es

«Trouble in Multivers » , - 1 réaction(s)

Après le plutôt bon Darkwood et un surprenant MouseCraft diamétralement opposés, le développeur polonais Crunching Koalas revient avec The Gap. Nous étions donc en droit de nous demander à quelle sauce nous serions mangés. Côté édition, c’est le très jeune studio Label This qui s’y colle en éditant ici son premier jeu et on peut dire que le choix de ce Walking Simulator, comme porte-étendard, est plutôt bien vu !

One Bad Day

Joshua, le héros de cette histoire, a tout réussi. C’est un neuroscientifique reconnu, ayant gagné de nombreux prix dans son domaine grâce à ses découvertes. Il est respecté par ses pairs et dispose d’une grande maison style 2040, année où débute notre aventure. Il est entouré de ses amis, de sa femme Amber et de sa fille Mia.

Si, jusque-là, tout semble aller pour le mieux, la vie n’est que rarement un long fleuve tranquille et The Gap s’ouvre avec Amber et Mia quittant la maison. Le ton de l’épouse est calme, presque tendre, expliquant qu’en l’état actuel des choses, elles ne reviendront pas.

Nos premiers pas dans le domicile dévoilent un habitat quasi abandonné. Des emballages de fast-food sont éparpillés à même le sol et recouvrent les plans de travail. Une cheminée est encore fumante et dégorge de papiers à demi brûlés. Mais ce qui interpelle le plus, c’est ce grand mur recouvert de post-it et autres annotations.

Un mur digne du NCIS

C’est là que l’aventure futuriste de The Gap prend son envol. Plus qu’une simple affaire de divorce, c’est la vie d’un homme, la vraie, la dure que propose de vivre le titre. Comment un homme, qui a tout pour réussir, peut-il tomber aussi bas en l’espace de quelques années ?

La réponse apparaît très rapidement : Amber souffre d’une maladie incurable et héréditaire,la Chorée de Huntington. Cette dernière est responsable de troubles moteurs, cognitifs et psychiatriques faisant également perdre la mémoire et provoquant le décès de la personne après une dizaine d’années.

Joshua va donc passer la totalité de son temps, quitte à en perdre l’esprit, à essayer de trouver un remède pour sauver sa femme et potentiellement sa fille. Ce dernier oubliant de vivre les instants qui lui restent avec ces dernières et allant jusqu’à les aliéner contre lui. Malgré des avancées scientifiques en nanotechnologie curative, la réponse à cette maladie reste introuvable et c’est donc ailleurs que le héros va chercher sa réponse.

Citer Orwell ne peut être que bon signe

L’histoire est sombre, mature, réaliste et prend aux tripes lorsque l’on s’attarde sur l’évolution de cette famille. Au premier abord et dès la prise en main du jeu, il est plutôt complexe de définir un genre précis pour qualifier The Gap. C’est pourquoi il était préalablement nécessaire d’exposer un contexte détaillé, avant de se lancer dans la partie technique de ce test. Au lancement le titre restera très obscur et demandera un effort de compréhension au joueur.

Ce sera à lui de recouper les informations trouvées dans les différentes époques, afin de vraiment pousser la réflexion sur le contexte. Cependant, il n’y aura aucune incidence sur la suite de l’aventure. Il faut bien comprendre que The Gap ne se joue pas juste pour arriver à la fin. Comme un film, on y joue pour vivre une expérience.

Joshua le Conquérant

Un point précis aura probablement attiré l’attention : si l’on évoque différentes époques, c’est parce que le titre permet de voyager à travers le temps, littéralement Il ne s’agira donc pas de simples flashbacks.

Trouver un objet clé va permettre à Joshua de revivre un souvenir vécu, afin de l’analyser à nouveau. En trouver deux qui partagent un lien débloquera un passage dans le passé, nous en apprenant ainsi une davantage sur la vie de la famille.

Nous allons voyager loin...

Attention, nous entrons dans une dimension complexe pour l’esprit et la compréhension humaine. Il n’est pas rare que, dans un souvenir temporel, se trouve un nouveau portail plongeant dans une réalité alternative existante en même temps que la réalité de départ. Bienvenue dans le Multivers !

Et là, d’autres questions commencent à apparaître. À qui parle le héros sur la messagerie de son ordinateur en 2040  ? Pourquoi le temps semble passer à une vitesse ahurissante  ? Pourquoi le sentiment que notre héros souffre d’une gueule de bois ne nous quitte pas ?

Si tout cela paraît brouillon, Crunching Koalas a eu l’excellente idée d’animer les passages vers les souvenirs et les changements de temporalité avec différents effets, permettant de se repérer plus clairement. D’ailleurs, une pression de quelques secondes sur la touche B fait revenir une étape en arrière dans notre périple.

... vraiment loin.

En revenant à l’époque de départ, le tableau de recherche digne d’un film policier réapparaît et permet de plonger directement dans les souvenirs déjà débloqués. Ce ne sont pas les seules aides offertes par les développeurs.

Les souvenirs peuvent être simplement vécus d’un œil extérieur, mais aussi résolus par le joueur. Par exemple, lorsque Joshua se retrouve dans une pharmacie et que le joueur a pour responsabilité de choisir le médicament adéquat. La réponse se trouve quelque part dans un autre souvenir et le jeu indique donc “indices manquants” car le bon souvenir n’est pas encore découvert.

Dans le coin des points négatifs, il faut citer un manque de hub permettant de recouper les nombreuses informations trouvées. Il arrive donc souvent de faire des allers-retours pour retrouver le souvenir qui contenait l’information dont on a besoin pour résoudre le puzzle.

Vous reprendrez bien un peu de lecture ?

Il faut également parler de certains codes à trouver où aucune indication claire n’aide à la résolution. Ce n’est pas un défaut en tant que tel, car, sans trop spoiler, il faut vraiment réfléchir comme les personnages. N’est-il pas logique, pour une mère, que la date de naissance de son enfant fasse office de mot de passe ?

Pour ce faire, peu de mouvements s’offrent au personnage. Le héros n’aura, pour seuls outils, que la possibilité de déplacer et d’interagir avec divers objets pour y trouver, ou non, une quelconque utilité. Pour le joueur, il s’agira davantage de maintenir un cerveau éveillé et curieux, le jeu proposant une bonne quantité de textes à lire, parfois scientifiques.

Vraiment j’insiste !

Dans ce jeu qui ne contient donc pas une once d’action mais une quantité importante de lecture, il était important d’avoir une bande-son de qualité pour donner vie à l’histoire et aux personnages. Les bruits, les voix et les quelques musiques présentes plongent avec brio notre esprit dans les méandres de la psyché de Joshua. À noter que, lors du test, nous avons fait le choix de désactiver la vibration de la manette : présente lourdement à chaque plongée dans un souvenir ou vers une autre temporalité, l’animation à l’écran pouvait largement s’y substituer.

Pour finir, parlons de l’aspect esthétique. Sans être une claque graphique, The Gap reste correct visuellement. Pas de bug d’affichage, ni de clipping. Pas de textures qui bavent, même de près, et une direction artistique sobre, épurée, maîtrisée,toujours au service du propos et du ressenti. Bon boulot de la part des développeurs !

Bilan

On a aimé :
  • Une histoire convaincante
  • On se prend à réfléchir aux choix de Joshua
  • Une plongée dans des épreuves de la vie
  • Une expérience marquante
  • L’effort intellectuel requis afin de pleinement profiter du titre
On n’a pas aimé :
  • Quelques allers-retours pénibles
  • Les vibrations mal calibrés
Est-il trop tard ?

S’il demande un effort intellectuel pour être apprécié, le jeu en vaut largement la chandelle. Dans un walking simulator, ce n’est ni le gameplay ni l’objectif d’arriver au bout du jeu qui comptent, mais bien le chemin à parcourir. Ici, ce sentier comprend de nombreux embranchements et la découverte, petit à petit, de l’histoire d’une famille brisée par la vie. Leur histoire est touchante et fait vibrer l’empathie présente en nous. On pourrait donc comparer The Gap à un film interactif, de ceux que l’on ne parcourrait pas avec un sourire aux lèvres, mais dont on ne ressortirait que meilleur

Accueil > Tests > Tests Xbox One

The Gap

PEGI 16 Langage grossier

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Crunching Koalas

Développeur : Label This / Crunching Koalas

Date de sortie : 19/10/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows

1 reactions

avatar

Znarik

29 oct 2023 @ 11:48

Je le note ! Tout à fait ma came.