Rapport de situation
19 novembre 2018 Cette grille ne m’inspire pas confiance. Lorsque j’ai reçu l’invitation pour me rendre dans les locaux de Capcom France, je me suis douté d’un potentiel traquenard. L’endroit n’avait rien d’accueillant, ce que n’avait pas manqué de me rappeler le corbeau perché au dessus de ma tête. Alors que j’allais sortir mon HK VP70 pour l’aligner, l’heure sur ma montre m’indique qu’il est temps de rejoindre mon contact. L’ascenseur qui m’amène au deuxième étage sent l’humidité, la porte s’ouvre difficilement une fois arrivé à destination. La lumière est timide dans ce couloir, je fais confiance à mes oreilles pour m’orienter. C’est là qu’une porte s’ouvre, me laissant entrer dans un lieu tout de suite plus chaleureux. Une douce musique résonne dans ma tête, quelques notes de piano m’indiquent que je suis en sécurité.
Enfin, c’est ce que je pensais.
Premier jour dans le métier, t’imagines ?
L’espace de quelques petites heures, j’ai pris un sacré coup de vieux en voyant Leon S. Kennedy sur l’écran. Il faut dire que ma première rencontre avec la toute jeune recrue de la police de Racoon City remonte à la rentrée 1998. Ouaip, déjà. Pour celles et ceux qui ne sont pas au courant, la saga Resident Evil a une place toute particulière dans mon coeur de gamer. D’autant plus que là, on parle de Resident Evil 2. Il s’agit en fait de mon épisode préféré de la génération Playstation (avant que ne sorte Resident Evil Rebirth sur Gamecube, l’élu de tous les remakes existants encore à ce jour).
Ce deuxième épisode est tout de même particulier dans la saga imaginée par Shinji Mikami. D’ailleurs si le sujet vous intéresse, nous avons une très chouette rétrospective en deux épisodes sur notre chaine Youtube.
Je ne vais pas introduire précisément la nouvelle orientation prise par ce remake, Creepers l’a déjà très bien fait lors de sa découverte pendant le dernier E3. Pour faire court, ce remake de Resident Evil 2 se la joue un peu comme l’épisode Rebirth sur Gamecube, mais en lui donnant une vraie 3D caméra à l’épaule introduite par Resident Evil 4. Malgré tout, les vétérans se sentiront comme à la maison. En fait, ce Resident Evil 2 est un peu le best of de tout ce qu’on a pu aimer dans la série. On y retrouve par exemple les objets défensifs de Resident Evil version GC. Un zombie ou un licker vous chope ? Une petite pression rapide sur L1 permet d’utiliser un objet et d’enchainer ensuite. Vous vous rappelez du géant en imperméable (le T-103) ? Et bien il passera son temps à vous traquer à certains endroits et à vous suivre comme un vrai pot de colle, un peu comme le Nemesis de RE 3. L’ambiance visuelle et sonore elle, se veut plus proche de RE sur Gamecube, avec un soupçon de RE 7. Bref, on retrouve immédiatement ses sensations tout en admirant chaque zone culte de l’épisode original, en plus de nouvelles inédites (un orphelinat par exemple).
S.T.A.R.S.ky et Hutch
Si Resident Evil 2 reste mon épisode préféré sur Playstation, c’est parce qu’il arrivait à garder un équilibre parfait entre exploration, tension, ambiance et action. Ce remake semble avoir conservé cet équilibre pendant les deux heures de jeu de la présentation. On ne se sent jamais en sécurité, sentiment renforcé par l’excellente ambiance visuelle et sonore, ainsi que par les animations des personnages jouables. Ce dernier point n’est pas anodin pour un jeu à la troisième personne car cela amène le côté “organique” de ce remake à un niveau rarement atteint, au point d’espérer ce genre de direction dans le prochain Resident Evil 8. Par exemple, Leon et Claire vont prendre leurs armes d’une façon différente selon la situation (immergé dans l’eau, en utilisant la torche, etc). Les moments où ils se font attraper ou blesser sont également très travaillés. Voilà qui renforce grandement l’immersion, chose que de nombreux survival horror n’arrivent pas à faire.
On sent un soin tout particulier apporté à l’éclairage. N’ayant pas pu jouer en 4K HDR (mais en 1080p / 60 ips), la qualité visuelle globale était tout de même au rendez-vous. Comme il s’agit du moteur RE Engine développé pour Resident Evil 7, on retrouve l’aspect organique de cet opus mais avec également le même défaut : celui des textures pas toujours bien nettes, mais cela est peut-être dû à mes conditions de jeu. Parmi les autres héritages du septième épisode, l’inventaire et la gestion des armes bien fichus ainsi que l’impact des armes délicieusement percutant font plaisir à revoir. Le maniement du personnage et la visée en revanche, rappellent beaucoup ceux de Resident Evil Revelations 2 (sans les esquives par contre), et c’est loin d’être une mauvaise chose. Il est d’ailleurs intéressant de noter que ce remake n’est pas considéré en tant que tel par les développeurs, mais plutôt comme un nouveau titre de la série. Nous tenons donc peut-être la nouvelle orientation prise pour l’avenir de la franchise, ce qui est une excellente nouvelle pour les puristes, mais beaucoup moins pour les amateurs des épisodes 4, 5 ou 6 par exemple.
Un dernier mot sur la durée de vie potentielle. Le Resident Evil 2 original proposait un système de scénarios particulier. Une histoire pour Leon et une histoire pour Claire, avec une version alternative pour chacun d’eux (les deux personnages inversaient leur point de départ lors de l’accident de voiture). Chaque scénario durait entre quatre et cinq heures pour un joueur lambda. Les Resident Evil n’étant pas connus pour être très longs, on ne sait pas encore quelle sera la durée de vie pour chacun des deux scénarios proposés dans ce remake, ni s’ils bénéficieront d’une version alternative. Sans oublier les histoires supplémentaires avec les personnages de Hunk et Tofu que l’on débloquait en finissant le jeu sous certaines conditions. La mode actuelle étant aux DLCs, on espère que Resident Evil 2 ne subisse pas le même sort que Resident Evil 7 avec ses petits scénarios payants (l’absence actuelle d’un season pass est bon signe).
Sur la bonne voie ?
Depuis Resident Evil 7, Capcom semble avoir remis la série sur de bons rails. Il aura fallu un épisode 6 ressemblant plus à une adaptation des films de Paul W.S. Anderson pour que le studio se remette en question. Cette nouvelle version de Resident Evil 2 a le potentiel pour devenir le meilleur épisode toutes versions confondues, tout simplement. Avec ses mécaniques modernes (mais pas trop), son level design fidèle au matériau d’origine et sa délicieuse ambiance, on espère juste que son contenu et sa rejouabilité seront au rendez-vous lors de sa sortie le 23 janvier prochain. Allez, on compte sur vous les gars !