Test - Tribes of Midgard - L’imparfait mais intéressant Ragnarök

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Annoncé lors d’un Playstation Showcase en juin 2020, le titre du jeune studio canadien Norsfell nous avait pas mal séduits à l’époque. Après une petite année d’exclusivité temporaire sur PS4 et PS5, il débarque enfin sur les rives de la firme de Redmond. Multipliant les genres, mélange de rogue-like et de survie saupoudré de tower defense, Tribes of Midgard mérite-t-il une place au Valhalla ? Jetons-nous dans la gueule de Fenrir afin de découvrir s’il valait la peine d’attendre aussi impatiemment le Ragnarök.

Un mélange des genres bienvenu mais rudimentaire

Nous allons passer rapidement sur le scénario tant il n’est qu’un prétexte et reste anecdotique une fois la partie lancée. En des temps immémoriaux, les Dieux craignaient que la destruction de l’Arbre Monde ne les affaiblisse. Afin de maintenir leur toute-puissance, ils prirent la sage décision de disséminer plusieurs pousses d’Yggdrasil sur notre contrée. Les colonies humaines commencèrent à se construire autour de ces pousses sacrées, puisant dans leur pouvoir et les protégeant alors qu’elles grandissaient pendant de nombreux hivers. Malheureusement, les ennemis de Midgard découvrirent le pot aux roses et entamèrent leur œuvre de destruction. Nous allons alors incarner l’un des héros du Valhalla, dépêché sur place par les Dieux nordiques.

Tribes of Midgard prend la forme d’un rogue-lite mixant la survie, l’aspect crafting et le tower defense. Deux modes de jeu sont à notre disposition, à date : le mode Saga penchant véritablement vers le rogue-like et le mode Survie ajouté récemment, plus orienté vers la sandbox et aux contraintes plus légères. Dans l’un comme dans l’autre, le principe reste à peu près le même, nous devons assumer la lourde tâche de protéger l’une des pousses d’Yggdrasil.

En mode Saga, on passe notre temps à courir partout.

Dans le mode Saga, l’Arbre Monde se trouve au milieu de la place d’un village préconstruit, mais cependant améliorable. Afin d’en assurer la préservation, nous allons devoir nous équiper efficacement tout en améliorant notre base. Cela se traduit dans les faits par divers matériaux à trouver et rapporter aux différents PNJ du titre (les classiques forgerons, armuriers et autres bâtisseurs) ou en érigeant des murs plus solides et des tours d’archers. Cela se transforme en course au farming dans des délais que nous estimons fugaces. En effet, si nous sommes libres d’explorer le monde procédural et de récolter nos ressources durant la journée, une fois le soir tombé, des hordes d’ennemis déferlent contre nos remparts.

Certaines armes ont des effets dévastateurs.

Nous devons défendre coûte que coûte la pousse de l’Arbre Monde et ce, non sans mal. Quand bien même les PNJ nous viennent en aide lors de ces raids nocturnes, les vagues et la puissance des Helthings assaillants se renforcent constamment. Ajoutons la prise en charge des saisons climatiques, et nous confirmons que survivre aux nuits d’hiver, plus longues que durant le reste de l’année, requiert un équipement à niveau et un courage à toute épreuve. Les périodes diurnes de récolte et de préparation désormais raccourcies, ce serait un pléonasme de dire que l’affaire se complique. D’ailleurs, il est opportun de se munir d’une tenue contre le froid, le gel nordique faisant fondre nos points de vie comme neige au soleil.

Anticiper les assauts est primordial.

Mais ce n’est pas tout, de temps à autre et de manière aléatoire, un message nous avertit que nos éclaireurs ont détecté un Jötunn. Ces géants élémentaires parcourent lentement la carte, sur laquelle ils sont repérables, et promettent une bataille des plus ardues. Lents mais puissants « sacs à PV », les dégâts qu’ils infligent à nos barricades sont si violents que nous avons rapidement pris la farouche habitude d’aller à leur rencontre, dans le but évident de réduire au maximum leur barre de vie le long du chemin.

Toi + moi + eux + tous ceux qui le veulent…

Amplement praticable en solo (même si cela corse l’affaire), Tribes of Midgard est avant tout pensé pour la coopération. Jusqu’à 10 joueurs peuvent ainsi joindre leurs forces, non seulement pour défendre la base, mais aussi et surtout pour se partager les rôles et les tâches. Avoir une escouade dédiée à la protection des murs pendant que des coéquipiers gèrent les ressources apporte un avantage certain. Il suffit ensuite d’envoyer le restant de la troupe aux basques du Jötunn pour que la tribu ait l’esprit plus tranquille.

Le titre ne prend pas en charge le crossplay.

La difficulté est annoncée comme adaptée aux nombre de joueurs présents dans la partie, mais en réalité, ce ne sont que les points de vie et les dégâts des ennemis qui y sont soumis. Nous n’avons pas déniché de camps plus impressionnants à nettoyer, ni de véritables fonctionnalités supplémentaires quant au fait d’être plus nombreux. L’ajout de donjons ou de raids même, pourquoi pas, aurait nettement été un gros plus. Nous imaginons facilement qu’un mode joueurs contre joueurs puisse être ajouté, avec plusieurs angles possibles. Par exemple, nous aurions apprécié un mode PvPvE dans lequel deux équipes se tirent la bourre pour soutenir leurs infrastructures, tout en essuyant les assauts des Jötunns. En l’état et malheureusement, seule la coopération est possible. C’est sans nul doute dommageable, d’autant plus que le titre ne prend pas en charge le crossplay.

Ce tableau de statistiques s’affiche lorsque l’on évacue par le Bifrost.

Nous préconisons fortement le Multijoueur pour le mode Saga, qui nous ramène à la dure réalité d’un défaut d’équilibrage en solitaire. En effet, si les trois premiers jours cheminent sous les meilleurs auspices, nous ressentons cette désagréable sensation de devoir être au four et au moulin dès lors que le premier boss apparaît. Les assauts nocturnes sont trop fréquents pour que nous nous sentions à l’aise dans notre défense une fois le huitième jour de survie atteint. De plus, la mort de notre avatar est synonyme de retour au menu principal, réduisant à néant tous les efforts accomplis. En revanche, la défaite d’un Jötunn nous offre deux opportunités : continuer la partie, en prenant le risque de devoir occire des monstres plus nombreux et plus robustes jusqu’au prochain boss, ou alors fuir lâchement par le Bifrost. Ce portail enchanté qui s’active lorsqu’un Jötunn a enfin mordu la poussière entraîne une fin victorieuse, octroyant diverses récompenses sur lesquelles nous reviendrons.

Les Jötunns, ces « sacs à PV ».

Nous évoquions précédemment le mode Survie. Beaucoup plus agréable à pratiquer en solo (même si la coop reste possible), il est question ici de débuter sur un territoire procédural vierge de toute infrastructure viking. À partir d’une simple enclume dans notre inventaire et en accumulant les ressources de la même façon, notre mission ici est identique au mode Saga, à savoir protéger coûte que coûte la pousse d’Yggdrasil. Pour cela, si dans le mode Saga nous devions converser avec les différents commerçants afin de nous équiper, ici point de PNJ présents. Nous enchaînons alors le montage de nos divers postes de production, de la forge au stand de potions, une fois les ressources nécessaires récoltées. Dans cette véritable sandbox, nous ne sommes pas trop embêtés par les rageants assauts nocturnes tant que nous n’avons pas érigé de murs. Avec un peu de jugeote et d’organisation, nous pouvons aisément ruser et prendre notre temps afin d’explorer tranquillement les différents biomes. Les Jötunns quant à eux sont désormais liés à des quêtes dédiées, et nous attendent bien sagement dans diverses arènes aux quatre coins du monde.

Diverses tailles de drakkars sont disponibles.

Le terrain est immense et incite à l’exploration. Nous traversons plusieurs environnements aux conditions climatiques variées afin de rechercher des ressources de plus en plus rares. Divisée en plusieurs îles que nous pouvons rallier en drakkar, la carte contient énormément de points d’intérêt. Malgré la variété relative les concernant, tels des campements de naufragés, marchands, repères lugubres et autres joyeusetés du genre, force est de constater que l’ennui se fait sentir au bout de quelques heures de jeu.

Une potentielle lassitude compensée par un système de récompenses motivant

En effet, le titre contient un tableau de missions dans le mode Saga et de rares événements aléatoires, mais leur déroulement laisse à désirer. La plupart des objectifs se contentent de nous faire libérer un prisonnier ou de rendre visite à un PNJ afin de lui apporter de la nourriture ou d’autres commodités fabriquées par nos soins. Ce manque de diversité couplé à des campements qui se ressemblent tous devient redondant au fil des parties.

Il faut dire qu’en plus, le gameplay manque lui aussi de panache. Une attaque standard, une attaque spéciale liée à l’arme, une esquive et la possibilité de bloquer les coups ennemis à l’aide du bouclier composent notre faible panoplie de mouvements. Le lock des adversaires n’est pas non plus très ergonomique, tout comme nos tirs à l’arc, et manque de précision. Même les combats contre les boss de saison (Fenrir, Jörmungand le Serpent-Monde…) restent fades, tant leurs patterns demeurent sans saveur.

Beaucoup de choses à débloquer en jouant, dont des classes.

Nous aurions fortement apprécié exercer des gameplays différents en fonction de la classe jouée, mais cela n’affecte que les arbres de talents et les pouvoirs passifs du héros. Car oui, il y a bien plusieurs classes disponibles, mais seulement deux peuvent être incarnées dès le départ, le guerrier et le rôdeur, sur les huit en présence. Nous avons en l’occurrence l’opportunité de débloquer les six restantes en remplissant des défis dans un menu dédié. Et cela nous permet d’aborder ce que nous avons beaucoup apprécié au sein du titre : le système de récompenses.

Jouer, jouer et encore jouer pour débloquer les armes les plus puissantes.

En effet, sur le menu principal, outre l’onglet de personnalisation du personnage, nous remarquons ceux concernant les récompenses et la progression. En inspectant le premier, nous tenons ici une sorte de Battle Pass évoluant jusqu’au niveau 50, offrant comme beaucoup de jeux services contemporains du contenu à déverrouiller sur l’ensemble de la saison. Allant de l’objet cosmétique à quelques piécettes de monnaie virtuelle, en passant par des recettes d’artisanat épiques ou des kits de démarrage pour notre viking, les récompenses sont suffisamment intéressantes pour donner l’envie de farmer le titre.

« J’ai rencontré la nostalgie, la fiancée des bons souvenirs que l’on éclaire à la bougie. »

La section progression propose de nombreux défis à réaliser dans les deux modes de jeu disponibles. Chaque objectif atteint nous octroie des transmogrifications d’armes ou d’armures, des couleurs de cheveux, ou même un familier pouvant ramasser le loot à notre place. Plutôt bien pensée, elle encourage à enchaîner les parties, au moins le temps de déverrouiller les recettes d’artisanat épiques ou légendaires, dont certaines sont uniquement disponibles par ce biais. Enfin, si le temps nous fait défaut, il est tout à fait possible de les acquérir de suite en dépensant quelques euros sur la boutique en ligne. Quelques cosmétiques requièrent probablement des centaines d’heures de jeu pour rejoindre notre collection, sans que ce soit une généralité. À vue d’œil, les deux tiers semblent accessibles en y investissant du temps, tout dépend donc de nous. Dans tous les cas, ce système a ravivé de lointains souvenirs où il nous suffisait de jouer pour débloquer des costumes alternatifs. Et comme dirait Grand Corps Malade : « J’ai rencontré la nostalgie, la fiancée des bons souvenirs que l’on éclaire à la bougie. »

Testé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Le multijoueur à l’honneur
  • La patte graphique chatoyante
  • Un mélange des genres bienvenu
  • Les récompenses à foison
On n’a pas aimé :
  • Une progression cyclique pouvant lasser
  • Un léger manque de profondeur
  • Quelques soucis techniques
  • Pas de crossplay à date
Un mix des genres intéressant qui ne va pas au bout de ses idées

Pour leur premier titre, les canadiens de Norsfell nous rendent une copie intéressante sur le papier, bourrée de bonnes intentions, mais insuffisantes. Nous avons apprécié les deux modes de jeu disponibles, il y a d’ailleurs de quoi en ajouter quelques autres, dont des modes PvP et PvPvE qui pourraient sans doute attirer les foules. Les combats manquent de mordant, tout comme l’exploration, et mènent tous deux à une lassitude potentielle. En revanche, le Battle Pass gratuit, le mode Survie moins contraignant, les défis et les nombreuses récompenses associées motivent à farmer. Malgré ses imperfections, parcourir Midgard en solo reste loin du supplice, et en multi, c’est un délice !

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Tribes of Midgard

PEGI 12 Violence

Genre : Action RPG

Éditeur : Gearbox Publishing

Développeur : Norsfell

Date de sortie : 16/08/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch