Alors que la stratégie Xbox a été affinée avec des jeux qui vont sortir sur des consoles concurrentes, les débats ne manquent pas sur la toile. Une question particulière cristallise encore les passions et électrise certains fans historiques : la sortie de jeux Xbox sur PlayStation. Mais pourquoi refuser qu’un jeu que l’on aime soit joué par d’autres ?
Les exclusivités sont la vitrine d’une marque
Dans la bataille commerciale qui se joue historiquement entre Microsoft et Sony, la question des jeux exclusifs a longtemps été un sujet de discussion important et reste plus que jamais au cœur des débats. Et effectivement, ce sont ces gros jeux exclusifs qui forgent l’identité d’une marque comme PlayStation ou Xbox. On le voit aussi dans les publicités diffusées par la marque, Sony a toujours joué sur sa singularité et sa capacité à créer des expériences émotionnelles comme on le voit rarement ailleurs.
Pourtant, lorsque l’on regarde les jeux les plus joués au monde sur PlayStation ou Xbox, rares sont les jeux en haut de l’affiche à être des exclusivités. On retrouve plutôt les Fortnite, Call of Duty, Roblox et autres FIFA, des jeux qui rassemblent d’énormes communautés sur la durée.
Alors pourquoi les exclusivités continuent-elles de déchainer autant les passions ? Tout simplement parce qu’elles représentent la marque à laquelle on est attaché depuis parfois des dizaines d’années. Y toucher, c’est comme toucher au cœur du réacteur, à un élément qui nous a souvent touché, ému, voire fait pleurer. On touche ici aux émotions et à l’identité, il est donc assez compréhensible que le sujet suscite un certain emballement de la part de certains fans d’une marque. Et pourtant, il y a des éléments rationnels qu’il convient de rappeler et qui tendent aussi à montrer que non, tout ne va pas s’effondrer pour autant.
Pourquoi être triste qu’un jeu que l’on aime soit joué par d’autres ?
Les rumeurs qui ont bouleversé la communauté Xbox au début du mois de février concernent l’arrivée de jeux Xbox sur PS5, ce qui a été confirmé depuis par la marque lors d’un podcast exceptionnel tenu le 15 février. Mais certaines réactions sur les réseaux sociaux paraissent pourtant démesurées au regard de ce qui se joue réellement ici. On a même vu certains influenceurs Xbox à plus de 100 000 abonnés menacer de ne plus suivre la marque ou de la délaisser comme si leur vie en dépendait.
Et pourtant, les rumeurs n’évoquaient que des jeux Xbox déjà sortis, pour certains depuis des années. Des jeux tels que Sea of Thieves qui ont eu le temps de trouver leur public sur Xbox et PC et qui sont sans doute arrivés à une certaine maturité d’audience. Sans nommer les quatre premiers jeux Xbox qui vont arriver prochainement sur d’autres consoles, Phil Spencer a précisé qu’il s’agissait de jeux sortis depuis au moins un an. Mais puisque certains jeux Xbox exclusifs finissent par arriver sur PS5 ou Nintendo Switch, en quoi cela pénaliserait les joueurs Xbox ? Qu’est-ce que cela leur enlèverait ? A priori, rien.
Pour quelle raison un joueur refuserait-il que le jeu qu’il aime soit joué par d’autres ? Pourquoi refuser qu’une expérience qu’on apprécie puisse être partagée par, et avec, d’autres personnes ? Alors que le jeu en cross-play était plébiscité par une bonne partie des joueurs pour éviter les clivages et qu’il est presque devenu une norme aujourd’hui, on assiste ici à une sorte de vision rétrograde du jeu vidéo. Une espèce de cultivation de l’entre-soi et d’accaparement qui va d’ailleurs à l’encontre des ambitions affichées par Xbox depuis des années.
Xbox veut toujours toucher 3 milliards de joueurs et de joueuses dans le monde
En septembre 2017, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a placé Phil Spencer, patron de Xbox, à la table de toutes les décisions de l’entreprise en le faisant rejoindre la Senior Leadership Team. Trois ans plus tard, et alors que sortaient les Xbox Series X|S et PS5, Satya Nadella était questionné par un actionnaire à propos des facteurs de différenciation avec son rival Sony.
Dans sa réponse, Satya Nadella répondait qu’il s’agissait de produire les meilleures consoles du marché et de les coupler à un contenu de qualité et une communauté forte. Mais il rappelait aussi les ambitions plus larges de la marque.
La vision plus large que nous avons est de faire en sorte que les 3 milliards de joueurs puissent jouer à leurs jeux où ils le souhaitent, avec tout le contenu qu’ils veulent et avec qui ils le souhaitent. Et c’est vraiment ce sur quoi nous construisons notre stratégie.
Et cette vision, Phil Spencer l’avait déjà partagée deux ans plus tôt. Voilà donc déjà 10 ans que Xbox le répète, son but est d’élargir massivement son audience pour accroitre les revenus générés par la branche gaming de Microsoft. Fondamentalement, rien n’a changé et les efforts fournis par la marque jusqu’ici vont dans ce sens. On a vu l’offre Xbox Game Pass apparaitre, les jeux Xbox sortir davantage sur PC et le jeu dans le Cloud devenir systématiques pour les productions internes, voire au-delà.
Finalement, aller contre une diffusion des jeux Xbox sur davantage de supports, c’est aller contre une stratégie actée depuis bien longtemps chez Microsoft.
Quand Xbox a dévoilé les ajustements de sa stratégie en souhaitant publier certains de ses jeux sur d’autres consoles, Phil Spencer ne faisait donc qu’appliquer un vieux souhait de rendre les jeux Xbox accessibles à un plus grand nombre. La marque dit vouloir réaliser quatre premiers tests et apprendre de ceux-ci. Si cela fait sens pour le business de Microsoft, les chances sont grandes pour que d’autres jeux finissent par sortir également chez PlayStation et Nintendo. Dans l’absolu, cela ne priverait les joueurs Xbox de rien, et ça donnerait davantage de moyens à Xbox pour développer de nouveaux titres et investir davantage dans ses infrastructures, services et matériels. Avec des coûts de développement qui explosent et une offre de jeux qui ne cesse d’augmenter, la rentabilité est plus que jamais recherchée pour la première capitalisation boursière mondiale.