Après quelques jours de calme dans le cadre du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft, la CMA remet l’affaire sur la table aujourd’hui en se rangeant du côté de Microsoft suite à une analyse approfondie de la situation, mais cela n’a pas été au gout de tout le monde.
La CMA considère que Microsoft n’aurait rien à gagner en bloquant Call of Duty sur PlayStation
Le mois dernier, l’autorité britannique de la concurrence et des marchés a provisoirement conclu que Microsoft pourrait essayer de faire de la licence Call of Duty une exclusivité et d’en priver la concurrence, notamment Sony. La CMA avait initialement conclu que cette stratégie serait rentable. Face à cela, Microsoft affirme le contraire depuis plusieurs mois et a même publiquement critiqué les calculs de la CMA en déclarant que leur modélisation financière était erronée et qu’il comportait des « erreurs évidentes ». Martin Coleman, président du groupe d’experts indépendants chargé de l’enquête de la CMA, est finalement revenu sur sa position en déclarant ceci :
"Après avoir examiné les preuves supplémentaires fournies, nous avons provisoirement conclu que la fusion n’entraînera pas une diminution substantielle de la concurrence dans les services de jeux pour consoles, car le coût pour Microsoft du retrait de Call of Duty de la PlayStation l’emporterait sur les avantages d’une telle action.
Nous avons examiné les observations des parties et des tiers sur notre modèle LTV et modifié les données d’entrée le cas échéant. Sur la base de nos résultats actualisés, notre modélisation quantitative indique qu’une stratégie de verrouillage total entraînerait une perte financière nette significative pour les parties dans tous les scénarios que nous avons considérés comme plausibles."
Rima Alaily, vice-présidente de l’entreprise et avocate générale adjointe de Microsoft, n’a pas masqué sa joie en félicitant la décision de la CMA de corriger son modèle financier auprès de nos confrères de The Verge.
« Nous apprécions l’évaluation rigoureuse et complète des preuves par la CMA et saluons ses conclusions provisoires mises à jour. Cet accord permettra à un plus grand nombre de joueurs d’avoir plus de choix dans la façon dont ils jouent à Call of Duty et à leurs jeux préférés. Nous sommes impatients de travailler avec la CMA pour résoudre les problèmes en suspens ».
Lulu Cheng Meservey, cadre d’Activision, a déclaré ceci de son côté :
« Les conclusions provisoires actualisées de la CMA témoignent d’une meilleure compréhension du marché des jeux pour consoles et d’un engagement à soutenir les joueurs et la concurrence. La campagne menée par Sony pour protéger sa position dominante en bloquant notre fusion ne peut rien contre les faits, et Microsoft a déjà présenté des mesures correctives efficaces et applicables pour répondre à chacune des préoccupations restantes de la CMA. Nous savons que cette opération sera bénéfique pour la concurrence, l’innovation et les consommateurs au Royaume-Uni. »
Du côté de Sony, le moral n’est pas au beau fixe depuis cette annonce de la CMA et le géant nippon juge la position de l’organisme « surprenante, inédite et irrationnelle ». Avec cette évolution importante dans le cadre de la transaction et des conclusions de la CMA, un accord de 10 ans entre Microsoft et Sony concernant Call of Duty pourrait être de plus en plus plausible. Néanmoins, la CMA continue d’enquêter sur l’impact de l’opération sur le marché des jeux en nuage. Martin Coleman a déclaré ceci au nom de la CMA.
« L’annonce d’aujourd’hui n’affecte en rien notre opinion provisoire selon laquelle cet accord soulève des inquiétudes sur le marché des jeux en nuage. Notre enquête devrait être terminée d’ici la fin du mois d’avril. »
Il faudra attendre le verdict de la CMA qui doit se prononcer sur l’accord d’ici au 26 avril.
Pour retrouver tous les points clés de l’affaire Activision Blizzard et Microsoft, nous vous conseillons d’aller regarder notre vidéo récapitulative pour tout comprendre des enjeux entourant le rachat d’Activision-Blizzard par Microsoft, ainsi que notre dossier complet sur le sujet.