Halo, The Witcher, Doom ou Portal vous évoquent probablement une manette sans fil et un écran LED dernier cri. Normal : ce sont des légendes du jeu vidéo. Et pourtant, certaines licences plus ou moins HD mènent une fort jolie vie du côté des jeux de société. Oui, vous savez, le truc avec des pions et des dés. Comme les Petits Chevaux ou le Monopoly, voilà... Vous ne le savez peut-être pas, mais beaucoup de licences phares du monde du jeu vidéo, de Mario à Assassin’s Creed en passant par Angry Birds ont vu des déclinaisons en jeux de plateau. Souvent pour le pire, on est bien d’accord, mais parfois pour le meilleur. Et devinez quoi : c’est ce dont on va parler ici.
Gears of War version GROSSE boîte
Je l’avoue, la génération actuelle de consoles a tiédi mon amour pour le jeu vidéo. Full démat’, early access, free to play et crowdfunding constituent des évolutions qui ne correspondent plus à ma vision du jeu vidéo consoles. Télécharger un patch obligatoire de x gigas pour pouvoir lancer un jeu... ou une console (!), c’est pas mon truc. La religion du tout dématérialisé m’a donc donné envie de toucher les choses et de ne plus me contenter d’un PDF ou d’un tutoriel en guise de notice. Et c’est ainsi que j’ai redécouvert le monde du jeu vidéo sous un autre angle : les jeux de plateau. Et puisque sa (re)sortie est imminente sur consoles, parlons un peu de Gears Of War, le jeu de plateau, sorti en France en 2011 chez Edge Entertainment. Eh oui, il est possible de tronçonner des Locustes sur sa table à manger. Intéressant non ?
Gears of War, Le Jeu de Plateau est un jeu de type Dungeon Crawler, dont le représentant le plus populaire aujourd’hui est sans conteste Zombicide, un jeu au succès commercial retentissant. Le premier intérêt de ces jeux, c’est de proposer des éléments de jeu (salles, couloirs...) indépendants les uns des autres, garantissant un renouvellement assez inépuisable des parties. En effet, les éléments de décor s’assemblent en fonction du scénario choisi avant de lancer la partie et permettent de mettre en place des stratégies tout à fait variées d’une mission à l’autre. Bien sûr, il est tout à fait possible (et recommandé) de créer ses propres scénarios... voire ses propres salles et couloirs. La force de nombre de ces jeux (et Gears of War ne fait pas exception à la règle) c’est la beauté de son matériel. Plus de 30 figurines de CGU et de Locustes permettent de plonger dans l’univers cradogore de cette licence avec un bonheur sans faille. Et le bestiaire est tout à fait satisfaisant puisque Drones, Tickers, Rebuts, Boomers, Berserker et Gardes Théron font (entre autres) partie du voyage. Attention : les figurines ne sont toutefois pas peintes, et il faudra jouer du pinceau pour une immersion vraiment totale.
Bon, on tronçonne ou pas ?
Gears of War est un jeu coopératif qui se joue de 1 à 4 joueurs. L’idée, finalement assez tactique, c’est d’envoyer Marcus Fenix et ses copains poilus explorer des zones et de réaliser des objectifs précis. L’ennemi est géré par le jeu lui-même, qui va déplacer et faire tirer les figurines Locustes en fonction de cartes tirées. Les joueurs font donc tous partie de la même équipe et doivent s’entraider autant que possible pour réussir la mission. Si les objectifs sont variés, le principe reste toutefois toujours un peu le même : se déplacer, se mettre à couvert, tirer, se déplacer, fermer un puits d’émergence, ramasser des munitions, avancer, etc. Les combats sont résolus au moyen de dés et les actions qui peuvent être effectuées par les joueurs sont résolues au moyen de cartes superbement illustrées. La subtilité géniale de Gears of War, c’est que les cartes de chaque personnage symbolisent aussi ses points de vie. Plus un joueur effectue d’actions à chaque tour, plus il se met en danger si une rafale vient le cueillir à froid. Il faut donc gérer en permanence son désir d’avancer et d’aller tronçonner le Drone qui se planque derrière un abri. Par contre si on reste trop immobile (le temps de récupérer des cartes pour regonfler sa vie, par exemple), les Locustes ne se feront pas prier pour venir vous chercher. Ce climat très particulier contribue au plaisir de jeu, chargé d’une tension quasi permanente, chose assez rare pour un jeu de ce type. C’est bien plus vif et hargneux qu’un Descent, et bien plus surprenant qu’un Zombiecide.
100% Gears sur un plateau
L’autre force de Gears of War, le jeu de plateau, c’est d’avoir su intégrer énormément d’éléments de son univers d’origine. Et je ne parle pas uniquement de cosmétique, mais bel et bien de gameplay. Les figurines (alliées et locustes) terminent ainsi chacun de leur déplacement en cherchant systématiquement à se mettre à couvert et à tirer depuis leurs abris de fortune. Les CGU pourront alors coordonner leurs actions en se couvrant les uns les autres, alors que les Locustes verront parfois l’arrivée surprise d’un Boomer venir débloquer une situation figée. Découpage à la tronçonneuse, course sprintée tête baissée, tir à l’aveuglette et équipement 100% Gears (des grenades Bolo au fusil Longshot) parachèvent l’impression que ce jeu n’est pas une bête exploitation mercantile d’une licence à succès de jeu vidéo, mais un vrai jeu à part entière qui a su parfaitement intégrer et adapter l’univers dont il se réclame. C’est tendu, stressant et nerveux, et si parfois un jet de dé raté rappelle à la réalité du genre, la possibilité de jouer solo et de créer ses propres missions (un mode Horde est même proposé) font de ce jeu un must-have pour tout fan de Gears of War.
Auto Headshot
Au final, le seul vrai défaut de Gears of War, Le Jeu de Plateau, c’est... qu’il n’existe plus. Il n’est plus édité depuis déjà quelques années et il a progressivement disparu des rayonnages. On le trouve parfois (surtout en anglais) au hasard de recherches sur les sites de petites annonces ou de vente en ligne contre une soixantaine d’euros. Certaines boutiques de jeux en ont parfois un qui prend la poussière dans l’arrière-boutique. Si vous en voyez un exemplaire, prenez-le sans la moindre hésitation. Gears of War est un grand nom du jeu de plateau avec figurines, qui vous permettra de patienter jusqu’à la sortie du prochain opus, ou de vous inciter à lâcher la manette pour découvrir une autre façon de jouer. Allez, si ça vous tente, la prochaine fois, je vous parle de The Witcher, le jeu de plateau.
Stay unplugged !