Test - Star Ocean The Divine Force - Seulement 10 à 15 ans de retard

«Le chant du cygne de tri-Ace ?» , - 2 réaction(s)

Du haut de ses plus de 25 ans d’existence, la licence Star Ocean revient régulièrement sur le devant de la scène. Cette saga n’ayant jamais réellement décollé face à d’autres séries comme Final Fantasy ou les Tales of, malgré quelques succès d’estime, c’est avec le sous-titré The Divine Force que tri-Ace tente un come-back. Les derniers opus en date ayant plutôt déçu les joueurs, est-ce enfin le retour en grâce tant attendu ? Il semblerait que ce ne soit pas encore pour cette fois.

Attention les yeux !

Nous n’allons pas tergiverser pendant des heures sur le visuel, le bilan est relativement mitigé. D’aucuns disent que graphiquement le titre est d’un autre âge et ils n’ont pas tout à fait tort. Sans aller jusqu’à affirmer que cet opus est digne de l’ère PS3/Xbox360, il faut avouer que le résultat n’est pas flatteur pour la rétine.

Sur le plan technique, nous vous laissons juges.

Le clipping est omniprésent étonnamment dans les villes et lieux de repos, laissant apparaître et disparaître certains PNJ à une très faible distance, là où il est beaucoup moins flagrant dans les vastes étendues d’Aster IV. Oscillant entre des couleurs ternes et d’autres beaucoup plus tape-à-l’œil, les textures d’un autre âge nous rappellent que nous jouons à un double AA. Le mélange Fantasy/Science-Fiction fonctionne au global, même si cela manque parfois de subtilité, en particulier en ville et vers la fin du titre où le contraste est plus marqué.

Il y a quelques “jolis” panoramas.

Le level-design n’est pas toujours très inspiré et les différentes cités, dont la superficie demeure succincte, semblent manquer de vie. Non seulement les PNJ ne se déplacent pas hormis les quelques gardes effectuant leur ronde, ils restent tous bien sagement à leur place, mais ils sont aussi trop peu nombreux et trop peu interactifs.

Les menus ne paient vraiment pas de mine, mais sont ergonomiques.

Les menus ne sont pas en reste. D’une pauvreté esthétique assez affligeante, ils ne donnent vraiment pas envie d’y passer des heures. En revanche, si visuellement les onglets ne sont pas agréables à parcourir, ils sont instinctifs et ergonomiques à souhait. Parmi eux, nous trouvons les classiques Personnages, Inventaire, Artisanat, Glossaire, D.U.M.A. (notre compagnon robotique) et les Options.

Concernant le chara-design, chacun se forgera sa propre opinion. De notre côté, nous sommes plutôt mitigés sur ce point. Quelques personnages sortent un peu du lot mais la plupart sont au mieux des stéréotypes vus à maintes reprises, au pire une incompréhension (Raymond est assez classe sur les esquisses papier, mais sans aucun charisme en jeu). De plus, ils gardent strictement la même apparence tout le long de l’aventure. L’arme change de look lorsque nous en équipons une nouvelle, ce qui n’est pas le cas pour la tenue. Pourquoi ? Qui est responsable de cette hérésie ?

Le glossaire fournit des informations intéressantes.

Si les modèles 3D de villageois semblent recyclés d’une cité à une autre, nous constatons que des efforts ont été effectués sur le bestiaire beaucoup plus généreux, à défaut d’être plus exotique. Parmi nos adversaires nous allons devoir occire de nombreux types de monstres, tous catalogués dans un journal contenant un léger descriptif sur chacun d’entre eux y compris leurs forces et leurs faiblesses.

Un scénario sympathique, sans plus

Le scénario fait dans le classique. L’histoire est plutôt agréable à suivre et possède son lot de rebondissements, sans être non plus la plus palpitante jamais écrite. Nous passons de très nombreuses heures à arpenter de grandes étendues semi-ouvertes. Les biomes sont variés au possible : régions désertiques ou cités médiévales, grottes, ruines anciennes et autres forêts bucoliques composent les décors de ce J-RPG.

Raymond, Laeticia et Albaird, le trio de base.

Pour le pitch, Star Ocean The Divine Force nous plonge dans une aventure mêlant science-fiction et fantaisie, mettant en vedette les deux protagonistes principaux : Raymond Lawrence et Laeticia Aucerius. Raymond commerçait parmi les étoiles tandis que Laeticia assumait son rôle de princesse sur sa planète natale, Aster IV. Un événement décisif amène nos héros à se rencontrer et à se lier d’amitié. En fonction du choix du personnage que nous souhaitons incarner, nous allons vivre l’aventure du point de vue de l’un ou de l’autre. Certains brefs pans d’histoire restent donc sous scellés pour le joueur, à moins d’entamer une seconde partie en changeant de protagoniste.

Le scénario peine à décoller

Ils possèdent tous deux leurs objectifs aux motivations très différentes, mais au fur et à mesure de leur progression, ponctuée de rencontres en tout genre, “Ray” et Laeticia vont s’apercevoir qu’ils ont plus en commun que ce qu’ils s’imaginaient. Sur fond de magie, du pouvoir de l’amitié et de gros vilains-pas-beaux, l’écriture de ce Star Ocean ne nous a jamais surpris. Nous ne disons pas qu’elle est mauvaise, mais elle semble tellement scolaire, loin qualitativement de ce qui peut se faire aujourd’hui, que nous ne pouvons admettre en être totalement satisfaits. Le scénario peine à décoller et si les enjeux s’élèvent heureusement sur la seconde moitié du titre, cela ne brille jamais vraiment.

Il est difficile de s’investir émotionnellement dans cette épopée. L’écriture n’est probablement pas la seule fautive. Le look des personnages, particulier, ressemble à un melting-pot de cosplays low-costs sortis un peu de nulle-part. Ayant œuvré par le passé sur le chara-design de grandes licences telles que Street Fighter ou Darkstalkers, Akira “Akiman” Yasuda ne signe pas ici son meilleur casting. Il n’y a qu’à voir le contraste entre les deux héros pour s’en convaincre.

Raymond et son armure digne de Tron est assurément aux antipodes de Laeticia et de son accoutrement de princesse chevaleresque. Nous remarquons évidemment le besoin d’exposer le mix de science-fiction et de fantaisie, mais peut-être aurait-il mieux fallu que ce fut plus subtil. Les expressions faciales vieillottes et sans saveur achèvent notre tentative d’attachement au roster, malgré un scénario et un doublage corrects.

Nous pouvons effectuer des livraisons aux marchands des différentes cités.

Pourtant, les développeurs ont essayé. Il est ainsi possible entre deux missions, de discuter avec nos compagnons en ville, afin de lancer les “actions privées”. Sous ce terme générique au demeurant, se cachent des dialogues secondaires facultatifs qui nous offrent l’opportunité de cerner un peu mieux nos compagnons. Il y a bien quelques lignes intéressantes mais le tout manque tout de même de liant, de saveur et de consistance pour que cela “matche” parfaitement.

Une OST des plus éclectiques

La bande originale est composée par le talentueux Motoi Sakuraba à l’origine, entre autres, des OST de Baten Kaitos, Tales of Arise/Symphonia/Zestiria, Dark Souls, Resonance of Fate, Golden Sun ou encore Valkyrie Profile et bien évidemment de la saga Star Ocean pour ne citer que ses plus célèbres œuvres. Nous y retrouvons des sonorités diverses, alliant l’orchestral épique à une musicalité plus acoustique et intimiste. Le riff de guitares électriques viennent embraser certaines pistes, tandis que d’autres mélodies assument un côté J-Pop particulièrement surprenant. La plupart des morceaux sont bons et accompagnent délicieusement chaque moment de l’aventure.

Pas commode celui-ci.

Quant aux dialogues, ici disponibles en anglais et en japonais, ils s’avèrent de plutôt bonne facture. Les acteurs de doublage anglophones nous ont paru particulièrement justes dans le ton, à l’instar des seiyū nippons qui s’avèrent plus calmes qu’à l’accoutumée, surjouant assez rarement, malgré quelques sempiternelles onomatopées accompagnant les poses gestuelles de héros de shōnen.

Les sous-titres en français sont de qualité. Si nous pouvons assurer que ce n’est pas non plus de la grande littérature, l’équipe de traduction francophone a effectué un joli travail à saluer quant à la quantité de textes présents. Nous regrettons cependant que certains dialogues auxiliaires puissent se dérouler pendant les phases de mêlée, les rendant ainsi plus difficiles à suivre.

Des combats dynamiques et une évolution trop traditionnelle

Passons maintenant dans le vif du sujet et abordons les combats et l’évolution. Star Ocean The Divine Force fait la part belle à l’action. D’un dynamisme et d’une fluidité absolus, les affrontements s’enchaînent sans transition avec les phases d’exploration pour notre plus grand plaisir. Le farming d’expérience nécessaire afin de passer certains pics de difficulté lors des affrontements de boss n’est ainsi que peu rébarbatif.

Nous n’allons pas nous éterniser sur les détails concernant leur gameplay, les tutoriels expliquent le tout très bien et au final, nous sommes dans un système de jeu Action-RPG aussi “lambda” qu’addictif. Nous nous permettons en revanche d’en recenser les points importants. Après avoir débloqué de nouveaux coups spéciaux dans l’arbre de talents dédié à chacun des héros, nous pouvons personnaliser leurs combos d’attaque.

Les combats sont jouissifs mais parfois brouillons.

Des enchaînements de trois coups standards ou spéciaux sont attribuables aux touches X, Y et B. Chaque attaque lancée est soumise à un nombre de points d’actions (PA) requis et lorsque cette barre est vide, nous sommes dans la totale incapacité de frapper un ennemi le temps qu’elle se régénère. Nous n’avons pas trouvé la pause tactique indispensable hormis dans de rares cas où nous avons éprouvé le besoin de soigner ou de ressusciter nos coéquipiers sans être dans le feu de l’action. En s’acharnant sur telle ou telle partie du corps de nos adversaires, ceux-ci peuvent s’enrager, perdre diverses capacités, ou en gagner de nouvelles. Pour y arriver, il nous faut batailler avec un système de ciblage pas très ergonomique et parfois trop hasardeux.

Effectuer une attaque-éclair ou un assaut surprise à l’aide de notre compagnon D.U.M.A. permettent respectivement de gagner des PA en cours de rixe et d’en doubler la quantité en plus d’immobiliser les opposants en début d’affrontement. L’utilisation du petit robot est en revanche limitée par une jauge que l’on recharge avec certaines actions. Notre cyber-acolyte dynamise le tout en procurant un peu de verticalité et de vélocité, y compris pendant l’exploration.

Nous en profitons d’ailleurs pour ouvrir une petite parenthèse. Notre compagnon est améliorable tout comme nos héros, à la différence qu’il n’est pas soumis à une barre d’expérience. En effet, nous devons récolter de nombreux cristaux parfois bien dissimulés dans les décors, rapportant les précieux points de compétences nécessaires à son évolution. Parmi les capacités à débloquer, notons une augmentation permanente des dégâts des attaques-éclairs, ou du rayon de l’analyse de terrain, qui nous aide à débusquer les coffres au trésor.

Le mini-jeu de l’es’owa lorgne vers le jeu de Go et permet de se distraire.

Parmi nos incompréhensions, évoquons l’artisanat. Cette fonctionnalité pourtant importante est liée à une quête secondaire qui peut être totalement ratée. Nous allons légèrement spoiler, mais nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre chez Welch lorsqu’elle vous le propose. La demoiselle aux faux airs de Paris Hilton permet de lancer une série de quêtes d’artisanat malheureusement peu intéressantes, débloquant ainsi plusieurs catégories de craft essentielles afin d’obtenir les équipements les plus puissants. Parmi celles-ci citons pêle-mêle l’alchimie, l’ingénierie, la forge ou la synthèse.

Le monde est vaste.

Enfin, l’exploration demeure plutôt agréable. La recherche de coffres et d’objets dissimulés par-ci par-là sauront motiver les adeptes du 100%. En effet, parmi les succès à déverrouiller se trouve un défi requérant de trouver l’intégralité des coffres du jeu. Si l’aventure peut se terminer en environ vingt-cinq à trente heures en ligne droite, les complétionnistes en auront pour leur argent s’ils souhaitent obtenir les 1000 G. Pour y arriver, il va falloir terminer au moins deux “runs”, un peu d’organisation et de courage. Besoin de motivation ? Il se pourrait que nous ayons volontairement omis de mentionner quelques surprises réservées par les développeurs. Au vu de la qualité globale du titre, est-ce seulement suffisant pour franchir le pas ?

Testé sur Xbox Series X (optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • L’OST réussie
  • Une histoire agréable à parcourir, quand même
  • La durée de vie, immense pour le 100%
  • Les combats nerveux…
On n’a pas aimé :
  • ... Mais parfois brouillons
  • Le chara-design peu inspiré
  • La technique d’un autre temps
La force trop tranquille

Star Ocean The Divine Force ne porte pas aussi bien son sous-titre que nous ne l’aurions espéré. Rattrapé de justesse par une bande-son de bonne facture, une direction artistique suffisamment inspirée et un gameplay tout de même agréable en main, ce Star Ocean peine néanmoins à se démarquer. Pire, le titre de tri-Ace semble avoir plusieurs trains de retard sur ses concurrents. Sa réalisation suspendue aux années 2005 à 2010, son chara-design particulier et son scénario sympathique mais peinant à décoller refoulent d’emblée cet opus dans les limbes des jeux moyens, voire « tout juste corrects ». Nous sommes conscients de nous trouver en présence d’un titre double A, mais cela ne nous permet pas non plus de tout pardonner. Nous avons malgré tout apprécié cette aventure, bien qu’elle ne tutoie pas les étoiles.

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Star Ocean : The Divine Force

PEGI 12 Langage grossier Violence

Genre : Action RPG

Éditeur : Square Enix

Développeur : tri-Ace

Date de sortie : 27/10/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows

2 reactions

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Kaidan64

18 nov 2022 @ 12:19

Je l’ai acheté le jour de sa sortie, et je dois bien avouer mon immense déception... J’aurais dû attendre votre test, mais comme j’avais beaucoup aimé le précédent, du coup je me suis empressé sur celui-ci.... Tout n’est pas à jeter, mais c’est vrai qu’on dirait un jeu sorti il y a 15 ans. Je croyais y jouer tous les jours, finalement je ne suis même pas sur d’aller au bout.

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PtitBiscuit

18 nov 2022 @ 12:35

Bientôt dans le Game Pass du coup peut-être (il n’y a qu’ainsi que j’y jouerai)