Kamikaze Veggies, sorti le 4 octobre 2022 sur Xbox, est le quatrième essai du développeur et éditeur polonais Red Limb Studio dont l’existence remonte à 2016. Après s’être frotté au jeu d’horreur en réalité virtuelle ainsi qu’au très fermé genre du Super Smash Bros-like, l’équipe revient avec un jeu aussi politique qu’explosif où il nous faut passer les lignes ennemis et résoudre les énigmes mises sur notre route afin de faire tomber le machiavélique Joseph Pomodorov, le tout avec un nombre de vies limité. Les 12.99€ demandés pour les cinq heures de jeu sont-ils un bon investissement ?
Ce soir tas de vomi, vous coucherez avec votre flingue
Au lancement de notre partie, nous sommes accueillis par une cinématique nous contant la destruction de la Terre par les humains durant une ultime guerre qui entraîne un effet de serre sans précédent, permettant aux végétaux de se développer jusqu’à devenir l’espèce dominante de la planète. Malheureusement la chaleur qui en découle est trop élevée même pour des plantes, créant ainsi famines et maladies. Les rayons du soleil vont jusqu’à rendre certains légumes complètement fous. C’est le cas de Joseph Pomodorov, une tomate qui crée une armée de légumes OGM de même couleur afin de conquérir le monde. Si au début on voit où Red Limb Studio veut en venir avec ces Rouges représentant les communistes maléfiques et les autres végétaux représentant le bien (God Bless America), les pincettes sont vite abandonnées et un chat est appelé un chat avant la moitié du jeu.
- Capitaine Despotato ! Vous ne manquez pas d’audace !
Nous essayons de nous plonger dans l’histoire mais nous nous demandons souvent si ce que nous présente le titre tend vers du second degré ou du premier déguisé. Nous balayons rapidement toutes ces considérations en voyant notre pomme de terre de Capitaine Despotato, qui n’est autre qu’une caricature d’un militaire gradé américain prêt à mourir pour sa patrie tel qu’on en retrouve souvent dans les meilleurs films d’auteurs venant tout droit des USA.
Allez, on n’a pas vraiment lancé Kamikaze Veggies à la recherche d’une histoire nous prenant aux tripes et finalement l’effort de nous mettre dans l’ambiance stéréotypée des films d’action des années 80 touche au but.
Sacrifiez vous pour la cause !
Mauvaise surprise d’entrée de jeu : dans les options, il nous est impossible d’inverser la caméra, désagréable, mais nous faisons avec. En revanche, les sous-titres, eux, sont disponibles dans une dizaine de langues dont le français. Ces paramètres vérifiés, nous lançons la première mission. Comme souvent, c’est en réalité un tutoriel qui nous apprend les bases du gameplay. Les basiques sont présents : courir, sauter, se cacher. Lancer diverses grenades et objets en tout genre allant jusqu’aux cadavres de nos compatriotes précédemment décédés fait également partie de l’attirail de nos légumes.
- Une fiche descriptive est disponible pour chaque héros
Au début, nous ne contrôlons que Carrotado qui, mis à part son explosion ultime sélectionnable via une roue de “compétences” in game, n’a pas de pouvoir particulier. Mais nous découvrons rapidement d’autres veggies aux attributs variés grâce aux étoiles débloquées en remplissant l’objectif de points établi sur chaque île. Pour se faire, il faut abattre des ennemis, trouver des secrets et remplir l’objectif final. Nous n’avons rencontré aucune difficulté à atteindre les 3 étoiles à chaque niveau au vu de la surabondance d’items accordant des points et le nombre d’ennemis permettant d’augmenter le score.
Nous pouvons ainsi former notre équipe grâce à un système de points disponibles au début de chaque niveau. Il est possible de prendre plusieurs fois le même légume ou d’en sélectionner des différents tant que l’on ne dépasse pas la limite allouée sur chaque île. Parmi les huit héros, quatre disposent d’une compétence qui leur est propre. Double saut, course plus rapide, résistance portée à deux coups au lieu d’un avant la mort, ou encore vol avant explosion sont à notre portée. Brad Peas le petit pois représente bien souvent le gros de nos troupes. C’est le personnage le plus agile grâce à son double saut qui nous permet ainsi d’atteindre quasiment tous les recoins de la carte. L’autre moitié de ces personnages n’est qu’un exemplaire moins puissant des héros de base avec une durée de vie de soixante secondes avant explosion. Leur unique qualité est de coûter nettement moins cher, ce qui nous permet de compléter l’équipe afin de remplir des objectifs courts tels qu’éliminer une menace sans sacrifier l’un de nos pions importants. Nos valeureux veggies n’ont chacun qu’une vie en réserve, si tous trépassent la mission reprend à zéro avec la possibilité de monter une nouvelle équipe. Avant d’en arriver là, les checkpoints disséminés dans les niveaux nous permettent de ne pas tout recommencer en lâchant en parachute un nouveau combattant, du moment qu’il nous en reste en réserve.
- À défaut d’avoir une poêle
Les six premières îles que nous atteignons en pilotant l’hélicoptère dans le hub central du jeu sont relativement courtes et permettent des sessions rapides. En revanche, dès le niveau sept, ces dernières s’allongent à n’en plus finir et les énigmes, qui sont pour la plupart déjà bas de plafond, deviennent bêtement difficiles et proprement inintéressantes, au point de les réussir en essayant toutes les combinaisons possibles plutôt qu’en usant de réflexion. La goutte d’eau qui fait déborder le vase est qu’en cherchant la complétion, nous nous apercevons être passé à côté d’un des trésors octroyant le déblocage d’un succès, désormais inaccessible et devons refaire ces fameux casse-têtes pour l’obtenir. Non merci. Pire, perdre tous ses personnages à la fin d’un niveau, à cause d’une difficulté soudainement accrue, nous fait pâlir à l’idée de devoir tout recommencer.
Beau comme une ratatouille ?
Côté graphique, le jeu est extrêmement basique et manque de détails. Nous ne nous arrêtons jamais pour contempler le paysage et certains passages sont carrément de simples couloirs complètement vides, permettant de se rendre d’une zone à une autre. S’il ne nous a pas transcendé, nous avons tout de même souri grâce au chara design sympa dans l’ensemble et à quelques éléments amusants de level design. Ce qui nous décroche également un rictus sont les ennemis. Lorsqu’ils nous prennent en chasse, une musique caricaturale des thèmes russes les plus connus se lance et les mécréants communistes nous enjoignent d’aller “nous faire foutre”. De même lors de nos phases d’exploration, il n’est pas rare d’entendre un poivron rouge chantonner le thème principal du jeu.
- Waaoooh, c’est de toute beauté
Les chasseurs de succès, eux, découvriront un jeu pas désagréable à parcourir et permettant de débloquer l’ensemble de ses récompenses sans réelles prises de tête, la plupart simplement en clôturant avec brio les niveaux.
Nous sommes donc face à un titre plutôt fun qui, s’il ne veut pas se prendre au sérieux, donne tout de même l’impression que tout cela n’est que l’enrobage d’une critique plutôt directe qui nous a semblé assez mal amenée, mais cela en fait-il un mauvais jeu ?
Testé sur Xbox Series X.
