L’histoire est désormais connue. La marque Xbox a pu émerger de chez Microsoft quand ce dernier a voulu rivaliser avec la PlayStation de Sony, une console grand public qui s’infiltrait petit à petit dans les salons du monde entier dans les années 2000. L’histoire de Xbox est passionnante, et Peter Moore nous en apporte aujourd’hui de nouveaux détails.
Les gros chèques de Xbox pour récupérer du contenu sur PlayStation
Peter Moore est arrivé chez Microsoft en 2003 pour aider Xbox à rivaliser avec PlayStation et Nintendo. Malgré seulement quatre années à son poste, il est pourtant bien connu des joueurs, et notamment pour ses tatouages de Halo 2 et GTA IV, mis en évidence sur ses biceps pour annoncer les dates de sortie de ces deux jeux sur Xbox.
C’est à l’occasion d’une interview avec le podcast Iron Lords que Peter Moore s’est de nouveau exprimé à propos de l’industrie du jeu vidéo. Comme à son habitude, l’homme aime distiller les anecdotes et revient sur le business Xbox de l’époque.
Il revient ainsi sur l’ère Xbox 360 où Microsoft devait encore s’imposer comme un concurrent sérieux sur le marché des consoles. Peter Moore confirme que la clé pour Xbox était d’obtenir du contenu pour se faire connaitre. C’est notamment pour cela que des partenariats ont été noués à l’époque pour faire venir le studio Mistwalker sur la plateforme, avec Lost Odyssey et Blue Dragon. Il explique que Microsoft cherchait à l’époque à la meilleure façon de dépenser son argent.
À ce stade, vous devez signer des chèques très importants pour obtenir du contenu.
Vous avez des prévisions à réaliser [...] et vous devez donc vous demander « ok, monsieur ou madame le développeur ou éditeur, si on vous donne 5 millions, 10 millions ou 15 millions, pour supporter votre équipe de développement, pourrions-nous au minimum avoir une sortie en même temps que les autres, si ce n’est pas une exclusivité ? ». Et nous l’avons fait beaucoup de fois.
Peter Moore fait ici référence à une période où Microsoft avait encore à prouver, et où les jeux sortaient parfois en priorité sur PlayStation avant d’arriver sur Xbox. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui chez certains éditeurs, on l’a vu plusieurs fois avec Square Enix. « Nous avons dépensé beaucoup d’argent. Et il a été très bien dépensé pour nous assurer au minimum que nous avions une parité », précise-t-il, dans un contexte où Microsoft voyageait aux quatre coins du monde pour convaincre les développeurs PlayStation de créer également une version Xbox de leur jeu.
« Nous avons créé la guerre des consoles »
Peter Moore revient ensuite sur l’épisode durant lequel PlayStation a dévoilé le prix de la PS3, pendant l’E3 2006, devant une foule très mitigée où Kaz Hirai a annoncé les 599 € à débourser pour s’offrir une console avec 60 go d’espace de stockage. De son côté, Microsoft avait annoncé la Xbox 360 avec le même stockage pour 200 € de moins, une sacrée différence qui a beaucoup fait parler à l’époque.
Peter Moore explique que lorsque les dirigeants de Microsoft suivaient la conférence en streaming dans une salle, l’annonce du prix a créé un vide, un blanc, et tout le monde s’est regardé. « Il a vraiment dit 599 € ? ».
Questionné sur le sujet, Peter Moore confirme qu’il ne connaissait pas le prix de la PS3 avant qu’il soit annoncé. Généralement, les entreprises présentent leurs produits à un panel d’experts six mois avant le lancement pour s’assurer que tout concorde. Qu’il s’agisse de la proposition de prix, des jeux du lancement ou des éléments de langage à utiliser. Il explique que Microsoft devait rivaliser avec Sony.
Nous avions besoin de créer la guerre des consoles. Nous en avons eu besoin.
L’ancien responsable Xbox rappelle qu’il fallait absolument que Microsoft soit disruptif pour se faire une place et gravir les marches. « Je n’ai jamais fait autant de high five qu’à ce moment-là », précise-t-il, en rigolant, à propos de l’annonce du prix de la PS3.
Xbox, un business tout particulier chez Microsoft
Peter Moore est également revenu sur les consoles Xbox 360 défectueuses qui ont plombé le lancement de la console. Il confirme que le taux de retours était anormalement élevé, un nombre à deux chiffres. À l’époque, le Red Ring of Death faisait parfois rire les joueurs, mais beaucoup moins Microsoft en interne qui cherchait la cause de ces problèmes.
Pour ne pas faire couler la Xbox 360, Peter Moore a donc estimé le coût que représenterait la reprise de toutes les consoles dans le monde entier, et leur prise en charge totale. Il est donc allé voir Steve Ballmer, PDG de Microsoft, pour lui annoncer qu’il faudrait dépenser pas moins de 1,15 milliard de dollars pour le faire. « Faites-le », a répondu Ballmer.
À l’époque, Xbox bénéficiait d’une place particulière au sein de Microsoft, et Peter Moore rappelle que le secteur du divertissement n’était pas le même que celui de vendre des logiciels. Il se souvient particulièrement des E3, où il fallait quelqu’un pour incarner la marque, pour porter les messages et expliquer le produit. Pour lui, il fallait faire le show, parce que des articles allaient sortir ensuite pour dire « qui a gagné l’E3 ». Une époque qui semble aujourd’hui révolue.
Pour en savoir plus sur l’histoire de Xbox et les dessous de sa création, nous vous invitons à jeter un œil à la série d’articles réalisés à l’occasion des 20 ans de la marque.
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